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samedi 9 avril 2016

D'HUMEUR ET DE RAISON : QUARANTE ANS APRÈS.


L’humeur devant les dits et les faits,
l’effort de raisonner le quotidien.

Les commentaires du bloguemestre
au fil de l’actualité

n Le billet du  31 mars 2016 [1].

LES LONGS MURS DU TEMPS.

« La cour d'appel de Paris rejette la demande de libération conditionnelle de Patrick Henry, 63 ans, condamné à la réclusion à perpétuité en 1977 pour le meurtre d'un enfant ».

Horreur d'un crime commis il y a 40 ans mais qui ne s'est pas effacé des mémoires.

Mais aussi un "détenu modèle", un parcours d'études réussi. Ensuite, et malgré cela, des difficultés flagrantes de réinsertion - les vols à l'étalage et le trafic de cannabis.

Avec cette question : des délits de cette nature ont-ils légitimement, et du point de vue du simple bon sens, à peser vis à vis d'une libération accordée dans le cadre d'une condamnation à perpétuité pour l’assassinat d'un enfant ? Aucun lien factuel (grâce au ciel), aucun rapport de gravité : ne reste que la conséquence judiciaire qui est celle d'un interminable enfermement en prison pour l'intéressé.

Interminable au point qu'on doit se demander si une incarcération dont la durée additionne aujourd'hui autant d'années ne constitue pas en elle-même un acte de cruauté incompatible avec les principes fondamentaux de notre droit et avec les valeurs d'une société démocratique.

Oui, la question des longues peines, et d'abord des très longues peines, doit se poser. On a renoncé au supplice de la roue, on a aboli la guillotine, et ce fut à chaque fois un progrès de civilisation : le moment n'est-il pas arrivé, en même temps qu'on s'attaquerait en profondeur à la problématique de la réinsertion pour tous les condamnés, de limiter le quantum des peines prévues par le code pénal, et à l'instar de la Norvège, d'en "bloquer" le maximum à 20 ans ?

Didier Lévy

[1] Publié sur Facebook ce même jour.


¨ UNE RÉACTION À LARTICLE DE Céline RASTELLO
sur TEMPSREEL.NOUVELOBS.COM
Publié le 31 mars 2016

‘’La cour d'appel de Paris rejette la demande de libération conditionnelle de Patrick Henry, 63 ans, condamné à la réclusion à perpétuité en 1977 pour le meurtre d'un enfant.

 « C'est non », a rapporté Carine Delaby-Faure à la sortie de l'audience, tenue à huis clos. La cour d'appel de Paris a rejeté jeudi 31 mars la nouvelle demande de libération conditionnelle -la quatrième depuis sa réincarcération- de son client Patrick Henry. En janvier dernier, le tribunal d'application des peines de Melun (Seine-et-Marne) l'avait acceptée. Mais le parquet avait fait appel. En début d'après-midi, face à la presse, l'avocate s'est dite "terrassée" par cette décision.

« C'est une énorme déception pour lui, pour moi, et pour la justice qui fait preuve d'une absence totale d'humanité. ». Et d'annoncer, dans la foulée, son intention de se pourvoir sans tarder en cassation.

‘’Détenu durant près de 40 ans, Patrick Henry, 63 ans aujourd'hui, a été condamné en 1977 à la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre du petit Philippe Bertrand, 7 ans, qu'il avait enlevé un an plus tôt un an plus tôt à Troyes (Aube), puis tué après avoir exigé une rançon de sa famille. La France entière était en émoi. On l'avait appelé "l'ennemi public numéro un". A la télévision, alors que l'enfant était déjà mort, il avait dit avoir "mal au cœur pour les parents et pour le petit garçon". Le présentateur de TF1 Roger Gicquel avait parlé de "cynisme" et lâché sa phrase : "la France a peur". Patrick Henry avait échappé de justesse à la peine de mort, notamment grâce à la plaidoirie de son avocat d'alors, Robert Badinter.

Libéré en 2001, arrêté en 2002

‘’Après 25 ans de prison, en mai 2001, le détenu modèle devenu informaticien, qui a lu et étudié en prison, validé plusieurs diplômes, avait obtenu une libération conditionnelle. Qui n'avait pas duré. En juin 2002, il est arrêté pour vol à l'étalage. Rebelote en octobre de la même année, en Espagne, en possession, cette fois, de près de dix kilos de cannabis. Retour en prison. En juillet 2014, la grâce présidentielle lui avait été refusée.

’Le 7 janvier dernier, celui qui est actuellement détenu à Melun avait convaincu les magistrats qu'il avait su tirer les leçons de l'échec de sa réinsertion au début des années 2000. Le tribunal lui avait accordé cette libération, soumise à la réussite d'un parcours de probation : permissions de sortie sur trois mois, six mois dans un centre de semi-liberté à Lille puis dix mois sous bracelet électronique, ainsi que sept ans de suivi. Mais le parquet avait fait appel, estimant son accompagnement trop peu "encadrant". « Plus cadrant, c'est la prison », s'était indignée son avocate. Fin février, Carine Delaby-Faure avait de nouveau plaidé devant la cour d'appel de Paris lors d'une nouvelle audience.

‘’Patrick Henry "n'a pas démontré une volonté sincère et efficiente de réinsertion", a argué la cour, selon son avocate. « Non sens », répond-elle, « depuis que Patrick Henry est réincarcéré, il s'est constamment mobilisé, n'a jamais perdu pied, a continué à travailler, à donner des cours en détention, à se former, à se soigner. ».

« Patrick Henry demeure un symbole et la cour a très clairement exprimé qu'elle ne souhaite pas libérer cet homme là. Je crains que cette décision augure, s'il en est, des décisions ultérieures qui soient toujours négatives. ».

Carine Delaby-Faure fait également part de son espoir de voir émerger « un débat serein sur le traitement des longues peines, une réflexion sur ce que l'on fait de nos détenus en France ».

Céline Rastello

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