> article en attente d'un profond remaniement (amende honorable)
LA LIBERTE EST LA SEULE NOTION QUI SE DEFINISSE PAR SES LIMITES. QUI NE SONT RIEN D'AUTRE QUE SES GARANTIES.
Et d'abord le diagnostic factuel dont tout devait procéder : "... ce n’est pas dans les confessionnaux que les agressions sexuelles sont dénoncées. D’autre part, certaines professions spécifiques (médecins, soignants, travailleurs sociaux, avocats, notaires) sont soumises déontologiquement à un secret professionnel QUI EST AUTOMATIQUEMENT LEVÉ dés qu’il s’agit de mineurs de moins de 15 ans.
"Pourquoi donc l’Eglise catholique pourrait elle déroger à la règle ??
Dans une république laïque comme la nôtre, aucun organisme ne saurait faire exception".
Ensuite parce que les conséquences du secret, du déni, de l'esprit de pouvoir - le cléricalisme qui est indétachable de la configuration même d'une institution de gouvernance cultuelle - sont clairement posées. Oui, combien vont se détourner ? Combien vont juger sans appel et pas nécessairement dans le bon sens ?
Et par ailleurs, parce qu'une analyse aussi juste incite à une réflexion utile et bénéfique. On peut en risquer deux ici.
La première est qu'un clerc ayant, en confession, connaissance d'un crime - quel qu'il soit - est libre, en son âme et conscience, de ne pas le dénoncer. Non que la loi l'y autorise : si elle garantit le libre exercice des cultes, en l'espèce du sacrement catholique de la réconciliation, c'est toujours dans le respect de l'ordre public (on préfèrera parler du respect de la la législation sur laquelle se fonde la République). Le clerc, en l'espèce, et comme tout autre être humain qui choisit pour la même raison de faire silence d'un crime, exerce le droit général et imprescriptible à l'objection de conscience.
Une objection personnelle dont le clerc sait, dont tout objecteur de conscience sait, qu'elle l'expose à l'impersonnalité de la loi. Ce qui s'accorde à la grandeur morale que revendique tout(e) émule d'Antigone. Pour ce clerc, si son geste d'objection est connu, rien dans son état, rien dans son appartenance à une cléricature, ne saurait venir ensuite légitimer une indifférence du juge. Ni compter valablement dans l'adhésion éthique que l'opinion peut accorder à une objection de conscience.
La seconde - et l'article de Michelle met bien l'accent sur l'aliénation millénaire de l'Eglise institutionnelle à une "morale sexuelle" faites d'oukases inhumains - parce que cette vérité est clairement dite : le catholicisme romain a hérité et s'est cuirassé dans une répulsion de la chair qui ne vient pas de la Bible, mais d'une réinterprétation paulienne, précoce et missionnaire, puis d'une fixation dès les premiers siècles, sans doute attachée à des "névroses civilisationnelles" de ce temps.
Rien dans le judaïsme ne prononce une déchéance du corps : tout au contraire, ce corps est l'objet d'une "action de grâce" prescrite et continue; et la reproduction sexuée est lue dans la Genèse comme un inestimable don à l'Adam, créé homme et femme, accordé au moment de la séparation des deux corps. De ce point de vue, la filiation avec la sainteté du corps né de la Création se trouve dans le christianisme en un énoncé tel que celui du patriarche Athénagoras : "Ce que font un homme et une femme qui s'aiment derrière la porte de la chambre à coucher est forcément saint".
Exactement l'opposé de l'opposition paulienne entre l'esprit qui élève et le corps qui abaisse et qui entraîne à la concupiscence - le mot recouvrira pour des siècles tout ce qui a trait à la sexualité humaine.
Comment ne pas en venir à penser que cette obsession à inscrire cette sexualité dans le péché, au point de confondre à peu de chose près la première et le second, porte en elle ce que l'Institution catholique expose aujourd'hui, et avec quelle profondeur d'enracinement, dans ses constructions doctrinales et disciplinaires les plus à même de provoquer son rejet : célibat des prêtre, exclusion des femmes des ministères ordonnés, pouvoirs de type patriarcal, récusation de la charité et de la dignité du prochain vis à vis, en vrac, de l'homosexualité et de l'avortement ... on n'hésite presque à énumérer des archaïsmes ou des arriérations à ce point rabâchées.
Et ne pas en venir à aller, non jusqu'à établir un lien de causalité (qui serait par trop sommaire), mais jusqu'à orienter le projecteur d'éclairage sur le mépris et la détestation de la chair professés par l'Institution romaine en ce qu'ils produisent un facteur d'attraction vers une cléricature affichant une claustration mentale qui configure pour les névroses - et pour pire que celles-ci - s'agissant des pathologies du vécu et du comportement sexuel, un lieu optimal d'accueil.