Pages vues le mois dernier

lundi 21 février 2022

¤ ROUBAIX, CAPITALE DE L’AFGHANISTAN

 

OU : « LES POUPEES MUTILÉES »

 

Les poupées sans visage qu’on vend à Roubaix menacent-elles la République ?

 

Menacent-elles ‘’l’esprit des Lumières’’ dont la République s’est réclamé dès sa fondation ?

 

> A la première question, il n’est pas utile de répondre. Qu’opposer d’autre à un non-sens que ce qu’il appelle de la part de la raison ? On a, il est vrai, pour signifier à son auteur l’attention qu’il mérite, le choix entre plusieurs attitudes. En l’espèce, on suggèrera celle qui, à l’évidence, s’accorde le plus exactement au personnage en cause.

 

Elle consiste à s’inspirer de l’impavidité professionnelle dont un psychiatre ferait montre devant un patient schizophrène et paranoïaque (et venu trop tardivement consulter) qui lui affirmerait que « ROUBAIX C’EST (EN) AFGHANISTAN ». Et qui, symptôme probant entre tous de ses pathologies associées, s’insurgerait véhémentement face à toute tentative de rectification, fût-elle administré atlas en main et ouvert aux bonnes pages.

 

> Pour la seconde, une observation s’impose, ou plutôt un constat tragiquement étayé sur la très longue durée : les intégrismes religieux, et les cléricatures (ou assimilées) fondamentalistes qui leur enseignent la vérité révélée et leur dictent les commandements imprescriptibles qui en sont indissociables, constituent les premiers vecteurs de l’arriération humaine.

 

Une arriération qui comprend toujours son pan d’excommunications, d’anathèmes et de cruauté. Avec les pulsions exterminatrices qui y fermentent.

 

Et une arriération qui est à l’œuvre - même si, pour une fois, la violence reste heureusement symbolique (mais la stupidité des obsessions, elle, s’expose immensément) -, avec ces poupées interdites de visage - à l’instar des femmes qu’en tant que jouets, elles ont pour modèles - et qui, ainsi figurées au sens propre, sont les seules dont le cadeau est autorisé aux fillettes vivant sous la dépendance de la mouvance dite islamiste.

 

ACCABLANT ? Certes, mais l’accablement ne se referme assurément pas sur l’exposition d’une arriération singulière et sur la sujétion par laquelle celle-ci s’emploie à s’identifier. Les intégrismes et leurs cléricatures ont à la fois des obsessions communes et des cibles plus grossies ou mieux déployées selon les emprises qu’ils veulent respectivement asseoir et régenter dans leur espace civilisationnel.

 

Cibles et obsessions qui se découvrent, ou se confirment, si l’on balaie un peu devant sa porte. Celle-là même qu’on dépeint comme assiégée et bientôt irrésistiblement emportée par la crue furieuse du Grand Remplacement. 

 

Et surtout si l’on balaie au-dessus de ces « racines chrétiennes » qui sont censées courir sous la maison commune ainsi menacée d’invasion. Et dont il au moins établi qu’à force de creuser à leur recherche, on a déposé beaucoup de poussières alentour du chantier de fouille, et surtout là où celles-ci obscurcissent la vue.

 

Et que trouvera-t-on après s’être éclaircie la vue ? Qu’on ne s’en est pas pris seulement, ni chez nous en notre époque d’immigration à tout va et d’islamisme conquérant, aux figures des malheureuses poupées. Depuis qu’elles existent et qu’on les offre aux fillettes de nos sociétés, aucune de nos poupées (hormis leurs variantes vendues en sex-shop ou sur des sites internet ad hoc) n’a échappé à une conception et à une fabrication dont il ressort que ce qu’elles donnent à voir est rien moins qu’une mutilation sexuelle.

 

Eh oui, à gronder, rager ou éructer devant les poupées sans visage des boutiques roubaisiennes salafistes, on a oublié QUE NOS JOUETS SONT DES POUPEES SANS SEXE. Pas la moindre esquisse de renflement, ou d’autre infime marque un tant soit peu évocatrice, dans la ‘’lissisitude’’ de leur entre-jambe, pas le moindre leurre susceptible de faire venir l’idée, ou la supposition, que les filles possèdent une vulve.

 

Quant aux poupées de bambins supposés relever du genre masculin, leur sort n’est pas plus enviable : elles n’ont jamais ni pénis ni scrotum - tout à l’opposé des statues antiques qui exposaient les organes reproducteurs des jeunes héros voire des demi-dieux. On concédera que le soin mis à sculpter ces attributs, quand des voiles de pierre ou autres artifices dissimulaient le sexe des femmes, peut aujourd’hui être entaché d’une incrimination de machisme, quelles que soient les circonstances atténuantes que suggèrent les représentations sociétales d’alors.

 

De cette investigation de nos poupées, de celles sans sexe et de celles sans visage, QUE CONCLURE ?

 

Ø  Pour les secondes, et en considérant l’ensemble des ‘’composants de croyance’’ - s‘entend de toutes les croyances - dans lesquels les enfants sont élevés, qu’une limite claire et impérative doit être fixée entre ce qui relève d’une transmission parentale de bon droit – de connaissance religieuse et de culture familiale -, et la violence d’un assujettissement mental obscurantiste qui, à l'intérieur et du fait d'une famille, compromet, ou interdit, l’apprentissage par l’enfant du libre examen personnel et de l’esprit critique inséparable de la citoyenneté démocratique ; et qui brime par avance le choix de conscience de l’adolescent ou du jeune adulte à venir.

 

Une limite, ou plutôt une frontière, qu’il appartient à la loi républicaine, garante de la liberté de conscience en même temps que de la liberté des cultes, de tracer pour la rendre infranchissable.

 

Ø   Pour les premières, que l’absurdité qui préside à l’occultation des sexes manifeste que la répulsion ainsi activée, que les cléricatures s’acharnent à rendre indéracinable en s’appuyant quand besoin est sur des représentations du cerveau archaïque, procède de névroses reproduites ou aggravées de siècle en siècle. Et qui, par chacun de leurs effets millénaires, en tant qu'aliénations mentales déviées sur le croire, se situent au premier rang des malheurs du monde.

Comment au reste pourraient-elles s’exonérer de cette malfaisance, alors que le dégoût, la honte et les interdits qu’elles génèrent et font professer pour dégrader le sexe, ET LE PLUS OBSESSIONNELLEMENT ET LE PLUS TRAGIQUEMENT LE SEXE DE LA FEMME, s’en prennent à la première des splendeurs de la vie et  à  l'intime partagé et indépassable de l’amour.

 

Ce qui appelle à un regain de résistance contre les obscurantismes qui ne cessent jamais d’agir, et contre les archaïsmes et les représentations pathologiques où chacun d'entre eux se source. Une résistance qui en se réclamant notamment de Diderot, se publie et se réaffirme comme le manifeste humaniste de l’éminence du sexe.

Du sexe par lequel l’amour s’exprime et prend corps ; du sexe qui, par cette raison, reproduit la vie.

 

Didier LEVY - D’HUMEUR ET DE RAISON.

02 02 2022