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mercredi 20 janvier 2016

D’HUMEUR ET DE RAISON - le journal de «penserlasubversion»


L’humeur devant les dits et les faits,
l’effort de raisonner le quotidien.

 Les commentaires du bloguemestre au fil de l’actualité



¨¨ Le billet du 19 mars 2016 [1].

A PROPOS DE A L’ARTICLE « OUVRIR DE NOUVELLES VOIES DU "VIVRE ENSEMBLE » PUBLIE PAR LE BLOGUE "GARRIGUES ET SENTIERS" le 17 mars 2016.

L’IDÉOLOGIE QUI PORTE L’IDÉE
QUE LE MARCHÉ EST LA SOLUTION ET LE SALUT

INTERROGER LES QUESTIONS QUI MODÈLENT LE DÉBAT PUBLIC
ET LES VALEURS QUI EXIGERAIENT QUE LES GENS CHANGENT DE VIE.

Un rappel d’abord. Lors du débat parlementaire sur l'adoption du Traité de Rome, Pierre Mendès France dénonça ce qui était à ses yeux l’archaïsme de la pensée économique qui inspirait les auteurs du traité : (de mémoire) « Vous croyez que la concurrence règle tous les problèmes ... ». Il convient d'ajouter que tant que le Marché commun - première appellation de l'union européenne (et qui disait bien de quoi il retournait en termes de projet) - réunissait les six Etats fondateurs, tous à des niveaux économiques et sociaux comparables, "la concurrence non faussée" pouvait correspondre à une réalité.

Réalité qui a disparu avec l'extension de la couverture du traité à des Etats retardés économiquement et ne disposant pas, ou ne disposant plus, d'un système de protection sociale digne de ce nom. Un traité (et ceux qui en ont ensuite déployé les ambitions) dont par ailleurs l'allégeance puis la soumission des objectifs et du fonctionnement aux règles et normes édictées par la doxa néolibérale n'ont pas cessé de s'aggraver.

Conjuguée avec la mondialisation de la concurrence, cette dénaturation de l'économie interne du traité a fait entrer l'union européenne dans la logique et sous le règne de ce dumping généralisé et universalisé dont nous voyons chaque jour davantage qu'il broie littéralement nos sociétés, leurs équilibres et les solidarités sur lesquelles elles reposaient. L'abandon progressif par l'Europe du tarif extérieur commun - protection nécessaire et légitime du marché intérieur unifié - a été l'exposition la plus flagrante de l'adhésion de l'UE à la systématisation planétaire d'un dumping trinitaire : salarial, social et fiscal - auquel s’ajoute, avec des effets de plus en plus irréversibles, un dumping environnemental. Le traité euro-atlantique en cours de mise au point, dont les négociateurs veillent à le bâtir dans le secret, sicut latro, est voué à tenir lieu de clé de voûte de notre inféodation à la religion mondiale du marché

« Le capitalisme a gagné » a-t-il été dit par une figure qui naguère fut chez nous exemplaire de la gauche. Ce qui en réalité l'emporte actuellement, suivant un processus en cours depuis quatre décennies, c'est la contagion d'un modèle idéologique appliqué à l'économie qui dispose de tous les relais susceptibles de la rendre irrésistible, à l'instar de l'expansion des totalitarismes des années trente.

Un modèle qui tient tout entier dans la raison qui le configure : restaurer un capitalisme pur et dur, par l'abolition de toutes les entraves étatiques et de toutes les contraintes sociales imposées ici par le New Deal et ailleurs (en Europe) dans les refondations qui ont suivi la Second Guerre mondiale, : un capitalisme disposant de la plénitude des attributs et des moyens indispensables à la réalisation de ses fins, i.e. à l’obtention de la profitabilité maximale dans le plus court temps possible, et pour la durée la plus longue compatible avec sa mécanique de destruction-création de valeur.

Par là, le capitalisme ne peut se concevoir sans la maîtrise des ressorts fondamentaux par lesquels il régule à la fois sa conservation et sa croissance, et qui conditionnent et régissent la poursuite de ses buts substantiels : et au premier rang de ces ressorts, la libre disposition de sa main d'oeuvre au moyen du triple ajustement des niveaux d'emploi, de salaire et de durée du travail. Trois modes d’ajustement qui, considérés dans leurs fins, n'en font qu'un, qu'ils soient respectivement mis en oeuvre selon les circonstances du moment, ou qu'ils soient plus ou moins ouvertement combinés.

L'idée maîtresse étant toujours que l'humain est un coût, et que comme pour tout autre coût, l'impératif, la seule considération à prendre en compte, est son abaissement..

Didier LEVY - 19 03 2016


L'ARTICLE DE BERNARD GINISTY.
               
« OUVRIR DE NOUVELLES VOIES DU "VIVRE ENSEMBLE »
Publié le 17 mars 2016 par ‘’Garrigues et Sentiers’’

"Le débat actuel sur la réforme du Code du Travail ne saurait se réduire à des négociations pour arracher telle ou telle « avancée » aux yeux des partenaires sociaux. Il s’agit ni plus ni moins que de repenser les modalités de notre vivre ensemble bousculé de plus en plus par la mondialisation et les nouvelles technologies.

"Cette situation oblige à ce qu’on pourrait appeler une « guerre de mouvement » face à laquelle certains pensent que l’essentiel serait d’étoffer la « ligne Maginot » d’un imposant code du travail protecteur des salariés tandis que d’autres posent la rémunération de l’actionnaire comme la clé du problème.

"On ne peut éviter de s’interroger pour savoir pourquoi, avec un code du travail aussi dense et une rémunération de l’actionnaire qui n’a cessé de croître, la France continue à avoir un taux de chômage nettement supérieur aux pays comparables de la zone euro.

"Edgard Morin analyse ainsi cette situation : « Il y a eu une usure totale de la pensée politique. À gauche, notamment. À droite, il n’y avait pas réellement de besoin. Il leur suffisait d’administrer les choses telles qu’elles sont. Mais, pour tous ceux qui se proposaient d’améliorer ne serait-ce qu’un peu le monde, il y avait besoin d’une pensée. Tout cela s’est vidé. Et non seulement cela s’est vidé, mais ce vide s’est rempli avec de l’économie, qui n’est pas n’importe laquelle. C’est une doctrine néolibérale qui s’est prétendue science au moment où les perroquets répétaient que les idéologies étaient mortes parce que le communisme était mort ! Cette nouvelle idéologie portait l’idée que le marché est solution et salut pour tous problèmes humains. Et ces politiques y ont cru. Jusqu’à aujourd’hui où ils rêvent de la croissance... Ils n’ont même pas l’intelligence d’imaginer ce qui peut croître et ce qui peut décroître en essayant ensuite de combiner les deux » [1].

"La réponse à la crise que traversent nos sociétés ne consiste pas d’abord à trouver de nouvelles réponses aux mêmes questions, mais d’abord à interroger les questions qui structurent le débat public et les « valeurs » au nom desquelles on prétend lire et modifier la vie des gens. Hugues Puel, directeur pendant plus de 10 ans de la revue Économie et Humanisme constate : « la question de la valeur des choses est devenue obsolète sous toute autre forme que leur valeur monétaire telle qu’elle se présente sur le marché » [2]. Par ailleurs, la conjugaison d’une pensée posant en principe l’antagonisme entre entrepreneurs et salariés avec une logique jacobine prétendant régler au niveau national toutes les questions afférentes à l’activité humaine conduit à des blocages.

"La financiarisation de toute activité humaine réduisant les salariés à n’être que des « variables d’ajustement » à ses enjeux, la pensée binaire ignorant la complexité et la centralisation, faisant l’impasse sur la capacité de chaque citoyen d’être acteur sur le terrain dans sa vie sociale et professionnelle sont les trois obstacles majeurs à l’ouverture de nouvelles voies du vivre ensemble".

Bernard Ginisty

1 – Edgar Morin Notre futur in Terra eco net n°60 (septembre 2014)
2 – Hugues Puel : Responsabiliser la finance in revue Lumière et Vie, avril-juin 2010

Publié dans ‘’Signes des temps’’.

[1] Publié sur Facebook ce même jour.


¨ Le billet du 2 mars 2016 [1].

DÉGRAISSER LE CODE DU TRAVAIL ?

Dégraisser le code du travail (ce qui n'a bien sûr rien à voir avec la nécessité de le clarifier et de le moderniser - d'abord dans l'intérêt des salariés puisque la législation sociale a été inventée à cette fin) : il n'y aurait pas, sous l'empire de la compétitivité, d'autre choix

Or, je ne pense pas qu'une société fracturée comme l'est la nôtre puisse supporter un accroissement de la précarité sans aller à la catastrophe - la forme de celle-ci étant imprévisible. Le délitement du lien social est d'autant plus inquiétant en France que la nation s'est construite autour de l'Etat et que celui-ci - et la monarchie capétienne qui l'a édifiée de Philippe le Bel à Louis XIV - a tiré sa légitimité de la fonction de protection qui lui a été reconnue.

Fonction qu'il n'assume plus assez, ou d'une façon suffisamment probante, pour que cette légitimité ne soit pas mise en cause, et tout pas supplémentaire dans cet abandon et cette démission grossit la probabilité d'une crise de régime et d'une crise sociétale.

Pardon d'être aussi "archéo", mais le message rabâché depuis des années sur l’impératif qu'il y aurait à faire disparaître des droits et des garanties dont chacun(e) a été conquis(e) comme un progrès majeur, n'a d'autre raison que de s'accorder aux fondamentaux du capitalisme. Capitalisme qui ne saurait fonctionner avec la profitabilité qui lui est nécessaire que s'il peut jouer en toute liberté sur trois variables : les salaires, le temps de travail et l'emploi. La libre concurrence n'en mobilise pas d'autres, si ce n'est la crédulité des consommateurs (et partant, au point où on en est, leur santé...).

Ce qu'on appelle la crise, ou la perte de compétitivité, ou "le défi de la mondialisation" - et tous autres synonymes inventés par les experts et les communicants du recul social - ne sont rien d'autre, en profondeur, que les symptômes concordants de la fin d'un système économique - le mur écologique auquel ce dernier se heurte signe à lui seul l'acte de décès d'un modèle d'économie dont la logique est celle du gaspillage, de l'exploitation des hommes et de la prédation infligée à la planète. Le tout sur fond de spéculation compulsive, de fraude financière et fiscale et de corruption.

Conclusion qui, elle, rie devrait pas passer pour archaïsante : la raison ne commande pas de restaurer l'équilibre des forces entre l'économique et le social en vigueur au milieu du XIX ème siècle, mais d'inventer une autre forme de société. On distingue clairement dans les multiples novations qui ont changé nos modes de vie depuis vingt ans de quoi construire une authentique économie de l'intelligence, et dans la prise de conscience de l'impératif environnemental la chance d'une projection de la volonté politique au service de la conception et de la construction d'un développement durable.

Là réside le vrai et le seul défi. A nous de le relever sans rien renier des composantes majeures de notre contrat social : la liberté dans l'égalité et dans la solidarité.

Didier LEVY - 02 03 2016

[1] Publié sur Facebook le 2 mars 2016.


¨ Le billet du 15 février 2016 [1].

LE PAPE ET LE PATRIARCHE SE SONT RENCONTRES :
OUI, UN MOMENT HISTORIQUE … MAIS …

PRES DE MILLE ANS APRES LE SCHISME ENTRE CHRÉTIENS D'ORIENT ET D'OCCIDENT, LES CHEFS DE FILE DES DEUX ÉGLISES, LE PAPE FRANÇOIS ET LE PATRIARCHE KIRILL, SE SONT RENCONTRES POUR LA PREMIERE FOIS A CUBA.

Oui, il y a bien le moment historique. Cette suspension dans le dialogue, pour quelques heures, d'un schisme millénaire. Après la prière commune du Pape François et du patriarche de Constantinople dans la basilique du Saint-Sépulcre à Jérusalem en 2014, c'est là peut-être le second pas sur le long chemin de la réconciliation - sinon de l'union retrouvée par delà le Filioque.

MAIS fallait-il, en cette occasion, heurter une autre éthique chrétienne - autre que celle verrouillée par le Magistère - en réaffirmant en commun des positions qui pour tant de croyants et de non croyants sont devenues inaudibles pour s'être fermées aux réalités de la vie humaine et aux réalités de l'amour humain tel que celui-ci s'exprime, librement et en conscience, dans les sociétés avancées ?

Rien n’est épargné : « La famille est fondée sur le mariage, acte d'amour libre et fidèle d'un homme et d'une femme. (…). Nous regrettons que d'autres formes de cohabitation soient désormais mises sur le même plan que cette union, tandis que la conception de la paternité et de la maternité comme vocation particulière de l'homme et de la femme dans le mariage, sanctifiée par la tradition biblique, est chassée de la conscience publique ».

Quant au ‘droit inaliénable à la vie’’, que dire du recours à l'image la plus outrée pour faire valoir une position autiste vis à vis des épreuves, des iniquités et des violences, et de toutes les situations de détresse et de souffrance qui conduisent à l'IVG : « Des millions d'enfants sont privés de la possibilité même de paraître au monde. La voix du sang des enfants non nés crie vers Dieu (...) ».

Et ceci encore dans le même registre de l'outrance et de la méconnaissance des douleurs humaines : « Le développement de la prétendue euthanasie conduit à ce que les personnes âgées et les infirmes commencent à se sentir être une charge excessive pour leur famille et la société en général (…) ».

Et enfin ce parti-pris qui, à la fois, renvoie aux positionnements du passé qui ont rejeté des avancées des connaissances humaines et méconnaît l'ampleur d'une autre souffrance, celle de la privation d'enfant : «Nous sommes aussi préoccupés par le développement des technologies de reproduction biomédical (…) ».

Si le baiser de paix entre les Eglises devait être à ce prix, nombre de chrétiens le donneraient dans le silence et la révolte de leurs convictions blessées, et dans la revendication plus forte que jamais de leur liberté de jugement - celle qui est déniée par ce rappel à l'ordre en forme de glaciation

Didier LEVY - 15 02 2016

(Ce billet est tiré d’un commentaire sur l’article de Jean-Marie Guénois pour Lefigaro publié le 14 février 2016 par le blogue « Garrigues et Sentiers »..


[1] Publié sur Facebook ce même jour.



¨ Le billet du 22 janvier 2016 [1].

A PROPOS DU POINT DE VUE DE L'ÉCRIVAINE JOUMANA HADDAD [2]
publié le mercredi 20 janvier 2016 sur ‘’Les Nouvelles/NEWS’’ 
(http://www.lesnouvellesnews.fr/cologne-le-viol-et-nos-homm…/) :

« APRES COLOGNE. LE VIOL ET NOS HOMMES ».

UNE TRIBUNE D'UNE VALEUR ET DUNE FORCE MORALE INESTIMABLES !

Dans chaque école, sur chaque livret de famille, et répétitivement sur tous les types d’affichage public on devrait en lire cet extrait :

"Au lieu d’interdire à votre fille de porter une jupe, essayez de faire comprendre à votre fils qu’une jupe n’est pas une invitation au sexe. Au lieu de forcer votre fille à se couvrir, essayez d’expliquer à votre fils qu’une femme est autre chose qu’un corps. Au lieu de prouver à votre fille que l’homme est l’ennemi, essayez de prouver à votre fils que les femmes sont des partenaires de valeur".

Permettez-moi d'ajouter un témoignage personnel : je n'ai pas été élevé "en garçon", on ne m'a pas inculqué ce qu'étaient les comportements de petit mâle auxquels il me fallait me conformer. Et les rares incitations que j'ai pu malgré tout recevoir qui étaient susceptibles d'aller dans le sens d'un dressage machiste, une bénédiction particulière - je mesure aujourd'hui que c'était une bénédiction et que le bienfait qu'elle représentait est de ceux dont on rend grâce pour la vie (à une transcendance ou au hasard et à la nécessité qui configurent le cours d'une existence) - a fait qu'elles n'ont eu aucune prise, qu'elles n'ont laissé aucune empreinte sur moi.

Je n'ai donc aucun mérite à regarder une femme comme un autre être humain et seulement comme cela. Et seulement comme cela quelle que soient l'attirance, le charme et la séduction que je lui trouve : exactement comme j'écoute une musique qui me bouleverse en sachant que c'est une musique, comme je lis un poème qui me transporte en sachant que c'est un poème, ou que je regarde un tableau qui me touche en sachant que je regarde un tableau.

J'entends par là que du point de vue de ce qui identifie un être humain à notre humanité, réduire une femme au désir ou au fantasme que ses traits physiques inspirent, comme au reste, bien sûr, à la représentation d’impureté et d'invalidité que lui attachent les sociétés et les modèles de pensée archaïques, m'est aussi foncièrement étranger que de m'arrêter à une couleur de peau, à un type de chevelure, et a fortiori à une origine, à une langue ou à une spiritualité. Comme si les uns ou les autres de ces marqueurs, visuels ou intellectuels, pouvaient si peu que ce soit départager en qualité et en droit une créature humaine d'une autre créature humaine ou signifier que telle créature ne saurait être reconnue pour humaine à part entière ; ou encore discriminer de quelque autre façon que ce soit entre ces créatures.

J'apporte ce témoignage personnel avant tout pour faire entendre que ne rien arrêter aux différences sexuées (on a compris que j'inclus et que j'englobe ici toutes les "minorités sexuelles") dans l'idée qu'on se fait de l'appartenance à l'humanité, que ne rien inférer de ces différences contre l'indistinction de dignité qui découle par essence de cette appartenance, constitue une formidable libération intérieure pour qui est en mesure de le faire et de régler en conséquence ses modes de pensée et de conduite.

Et pour qui n'a pas eu à passer en la matière par un apprentissage - la grâce que j'ai eue -, prendre conscience qu'on a vécu et qu’on vit tout naturellement dans cette libération procure un sentiment dont il est difficile de rendre exactement compte. Rien assurément d’une vanité, et bien davantage que l’impression de détenir une supériorité intellectuelle et morale : une sérénité faite de la perception d’avoir été porté au-delà du seuil de la victoire sur les pires préjugés. Et qui est pénétrée de la conviction que ce présent s’accompagne pour son bénéficiaire de la vocation à prendre part à la multitude des combats qui se mènent en vue d’étendre un jour sans limite cette victoire.

Une sérénité qui n’est pas une béatitude, une vocation qui n’est pas une contrainte. Mais à elles deux les composantes d’une confiance dans l’avenir et par là d’une sorte de jubilation tranquille. D’une paix intérieure d’un type très particulier - un peu au fond celle qu’on souhaite charitablement à tous ceux qui sont possédés par une arriération qui invalide leur relation au féminin, et qui les voue à mépriser par aveuglement et jusqu’à l’abominable la moitié du genre humain quand elle ne les abaisse au plus atroce de la barbarie.

Didier LEVY - 20 01 2016

[1] Publié sur Facebook le 23 janvier 2016.

[2] Cette tribune a été publiée sur Facebook le 21 janvier 2016.


¨ Le billet du 18 janvier 2016 [1].

PROSCRIRE LE VOILE … ET PORTER LA KIPPA ?

Le Huron qui nous visiterait aujourd’hui se demanderait sans doute quelle logique nous commande simultanément de dénoncer le premier et d’ériger la seconde en symbole de la liberté de conscience ?  Et par quel raisonnement des élus de la nation sans lien connu avec le judaïsme et contempteurs habituels du voile, en sont tout récemment venus à paraître devant les médias en porteurs occasionnels de la kippa pensant par là marquer une solidarité avec ses porteurs ordinaires.

On lui expliquerait certes sans mal ce qui les sépare radicalement : d’un côté le signe distinctif par excellence des sociétés patriarcales et l’exposant édicté par celles-ci pour circonscrire l’impureté intrinsèque du sexe féminin et pour identifier l’infériorité qui découle de cette impureté et qui voue la jeune fille et la femme à être la propriété exclusive d’un homme, père (ou frère-s) puis mari. Et à n’exister que comme l’objet de cette possession.

De l’autre le port d’une marque de respect envers l’Eternel face auquel s’est conçue la première spiritualité monothéiste.

Sauf que cette explication pêcherait singulièrement par sa superficialité, par sa paresseuse simplification.


On suggérera en somme d’y regarder de plus près.

Inventé des siècles avant le Coran, n’ayant (à ce que nous disent des experts parmi les mieux crédibles) qu’un lien ténu avec celui-ci - au moins pour la spiritualité qui s’y exprime versus le rigorisme normatif qui présentement l’étouffe -, le voile bénéficie a priori, en ce que son port est revendiqué en tant que soumission personnelle à une obligation religieuse, de la protection de la loi républicaine qui consacre la liberté de conscience et le libre exercice des cultes.

La kippa, d’importation récente (le judaïsme ashkénaze de mon enfance l’ignorait complètement en dehors les lieux du culte), peut se réclamer de la même protection. Mais en offrant une perspective qui de prime abord élargit le questionnement ou la contestation citoyenne qu’elle suscite.

 En effet pour tout juif qui se veut un tant soit peu ‘’éclairé’’, elle renvoie à l’interprétation suivante (tout récemment publiée sur Facebook) :

« La kippa n'est pas une obligation religieuse juive. C'est un signe d'humilité pour le croyant, cela signifie 'il y a un D.ieu au dessus de moi et (que) je dois me rappeler qu'il y a toujours quelqu'un de plus fort que moi'. Rien n'oblige les juifs à porter des signes distinctifs. Les religieux peuvent porter n'importe quel type de chapeau ou de casquette ou de bonnet à pompon, juste pour rappeler qu'ils se considèrent comme "en dessous de D.ieu".».

Le point majeur en l’espèce, à savoir que les juifs religieux peuvent porter n’importe quel couvre-chef, doit être souligné, lu en lettres majuscules et inlassablement publié : non certes à l’encontre des seules pratiques d’un judaïsme identitariste, mais vis à vis de tous les affichages de signes d’appartenance confessionnelle dans l’espace public.

La démonstration de la faisabilité d’une neutralité civile de l’exposition de ces appartenances nous est d’ailleurs apportée - malheureusement de façon trop clairsemée - par l’exemple de ces jeunes filles et de ces femmes de religion musulmane qui recourent, en substitution du voile, à d’autres façons, parfaitement banalisées, de couvrir leur cheveux.

Que chaque confession - pour celles et ceux des croyants qui s’attachent à ce qu’ils jugent être une lecture orthodoxe de celle-ci (ce qui laisse bien sûr entière la question d’une intelligence de la foi où la raison moderne est mise au service de l’approche spirituelle …) -, pratique cette forme de discrétion, et les polémiques, les exclusions et jusqu’aux haines qui se déchaînent sur la question des ’’signes religieux’’ baisseraient significativement en intensité, voire perdraient grandement de leur  malfaisance.

Préconiser cette discrétion ne signifie en rien que ces croyants auraient à se cacher, que leur croyance devrait se vivre dans la clandestinité ou dans le secret de l’espace privatif. Il s’agit seulement d’affirmer que la liberté de conscience suppose un échange de respect : un respect des convictions de chacun par quiconque professe d’autres convictions, un respect qui est fait d’abord, de l’un envers l’autre, de tact, de mesure et de scrupules réciproques.

Et un respect auquel contrevient donc le fait de projeter au regard d’autrui sa propre croyance sans se soucier le moins du monde de la perception qu’en aura cet autrui. Un autrui confronté sans s’y attendre à l’exposition des marques vestimentaires (ou capillaires ou en forme de pilosité - … énumération non limitative !) d’une revendication confessionnelle et différencialiste dans un espace qu’il a appris à tenir pour dédié à une neutralité laïque que lui-même observe spontanément comme une civilité ordinaire.

La méconnaissance de la réserve qu’imposent en cette matière, individuellement et collectivement, la discrétion, le sens de la mesure et le tact, creuse les incompréhensions, nourrit les rejets, et fortifie jour après jour les représentations et les discours qui s’emploient à légitimer les discriminations et jusqu’à l’anathémisation  de telle ou telle catégorie en raison de ses spécificités cultuelles ou culturelles. La tolérance a bien peu de chances d’y résister.


A cette pédagogie élémentaire du ‘’vivre ensemble’’ pour lequel a été instituée la laïcité à la française, s’ajoute une autre considération non mois fondamentale. Liberté de conscience et libre exercice des cultes sont bien inscrits dans les droits fondamentaux proclamés par la République, héritière directe en cela de la Déclaration de 1789. Mais redisons encore une fois que par définition, aucun droit n’est absolu - sauf à devenir tyrannique en acquérant la capacité d’abolir d’autres droits, y compris de tout aussi essentiels.

A cet égard, la liberté des cultes ne s’est jamais exercée sans limites - et d’abord celle que fixe l’ordre public républicain (réserve posée dans la loi de Séparation de 1905 et conforme à son esprit libéral et à son dessein de pacification).

De ce point de vue, le port en public de signes d’appartenance confessionnelle sort du champ exclusif de la mise en œuvre de libertés constitutionnelles dès lors que l’ensemble des affichages de cet ordre pratiqués par les adeptes d’une religion - cette dernière étant prise en général de surcroît dans sa lecture et sa pratique la plus fondamentalistes - deviennent les marqueurs d’un identitarisme revendiqué.

Un identitarisme qui se veut ou qui devient par la force des choses constitutif d’un communautarisme configuré en enclave séparative de la nation. Et qui entend ou entendra se régir, c’est à dire régir ses membres, suivant une législation qui lui est propre, qui obéit à des valeurs et des normes différentes de celles en vigueur au sein de la nation, et que la République est fondée à considérer comme attentatoire, ou susceptible de le devenir à brève échéance, aux droits et  garanties qu’elle s’est donnée pour vocation d’assurer à toutes les citoyennes et à tous les citoyens. Et qui a motif à regarder comme telle cette législation distinctive du seul constat que tout communautarisme est voué à se faire oppresseur en son propre sein.

L’accentuation des phénomènes communautaristes, surtout si ceux-ci sont alliés à une inertie de la République devant leur essor et leur ancrage, provoque en réaction, on ne le voit présentement que trop, une sorte de contre-communautarisme qui se manifeste sous des formes de plus en plus agressives. Et qui porte en lui sa dérive naturelle qui est d’étendre sa fureur à toute identification minoritaire ou à tout soupçon de particularité identitaire.


De plus en plus nombreux sont ceux qui s’alarment d’une confrontation à venir entre les communautarismes qui se sont structurés au milieu des fractures sociales et éducatives que les trois dernières décennies ont vu s’additionner et s’aggraver. Peut-on parler de scénario catastrophe quand le contexte international, fait de guerres des religions et d’escalades concurrentielles entre fanatismes paroxystiques, est puissamment capable de pousser au pire ? Et alors qu’il suffira pour que ce pire se produise, de laisser libre cours à l’expansion des séparatismes culturels et cultuels et, par contrecoup, à l’extension et à l’induration des retranchements qui s’opèrent dans le référentiel-refuge qui s’est construit sur l’imaginaire d’une ’’identité française’’  - un imaginaire qui mobilise les pulsions xénophobes mais également racistes et antisémites, en jouant alternativement ou simultanément sur ces trois claviers maléfiques, et qui oeuvre non à affaiblir les communautarismes  mais à les dresser encore davantage contre la nation et les uns  contre les autres.

Derrière le questionnement du voile et de la kippa se dessine le péril qui menace à courte ou moyenne échéance la République. Et la réponse que ce péril appelle, réfléchie et objectivée suivant les critères sur lesquels le parti républicain s’est toujours fondé, et formulée selon les termes dans lesquels il s’est historiquement reconnu. Soutenons donc haut et fort que « le communautarisme voilà l’ennemi ! ».

Un ennemi qui a aussi pour noms les ghettos de toutes natures constitués un peu partout, les préjugés et au premier chef les plus archaïques qui ciblent immanquablement le féminin, les discriminations et le mépris qui les organise, les inégalités qu’on entretient en qualifiant de modernité le fait qu’elles perdurent et s’accentuent démesurément, et de service rendu à la compétitivité le soin mis à ne surtout pas les combler, et, bien sûr au terme de tous les manquements de la République à elle-même, les violences qui prospèrent sur l’ignorance et l’inculture.

Encore convient-il de s’attaquer à cet ennemi multiforme en plein cohérence avec la raison qui a présidé à la définition de l’objectif poursuivi. Autrement dit, de ne pas croire ou prétendre qu’on s’en prend aux communautarismes, de ne pas imaginer qu’on déploie la bonne pédagogie en ce sens, et qu’on manifeste son attachement à la République en adhérant à ce combat , si en parallèle on revendique la faculté d’installer des crèches dans les mairies, ou si l’on défile contre le ‘’mariage pédé’’ en laissant entendre par là que la loi républicaine devrait être soumise à un nihil obstat préalable d’autorités religieuses..

Le communautarisme peut mettre fin à la République, à l’idée de la  Nation exprimée en 1789. Il peut détruire les libertés, les égalités et les protections de la dignité humaine forgées depuis la Révolution - y inclus ce que chacune de celles-ci a trouvé comme source ou inspiration dans le judaïsme, dans la pensée grecque puis dans le christianisme, ou dans la formation de l’esprit des Lumières.

Mais c’est toujours à la laïcité qu’un communautarisme commence par s’attaquer, qu’il a besoin avant toute chose de faire disparaître. Le reste, tout le reste, suivra.

Une laïcité dont on a largement oublié qu’elle s’est définie dans un pays qui est entré dans les guerres modernes de religion sous le règne de François 1er pour n’en sortir - symboliquement - que par le poème d’Aragon La Rose et le Réséda. Et qui est à même de voir à travers les deux exemples qu’on a cités ci-avant que le fanatisme et son aveuglement ne demandent qu’à se déchaîner de nouveau, et que derrière eux les haines et les violences confessionnelles ne sauraient être rangées au nombre des volcans éteints.

Faudrait-il ajouter « A bon entendeur, salut » ?

Didier LEVY - 18 01 2016

[1] Publié sur Facebook le 18 janvier 2016.

jeudi 14 janvier 2016

A PROPOS DE L’HUMBLE SUPPLIQUE ADRESSÉE PAR LES PATRONS DE FRANCE AU BON ROI FRANCOIS LE LIBÉRAL.


D’aucuns diront : « J’ai fait un rêve ! ».  

Ainsi donc, les patrons de France réclament-ils, entre autres grands progrès et mesures de salut public économique qu’ils attendent, et dont ils espèrent sans doute qu’elles élèveront la France au rang de ‘’fille aînée de l’Eglise du Saint-Marché’’, l’instauration d’un contrat de travail ‘’nomade’’.

La satisfaction de leur vœu ne tardera pas, la religion de la concurrence ‘’libre et non faussée’’ ayant gagné à peu près tous les esprits dans la France qui s’exprime en savoir et qui décide en légitimité. Mais s’arrêter en si bon chemin s’agissant de l’impérative ‘’flexibilité’’ de l’emploi, ne traduit-il pas de leur part une certaine pusillanimité ?

On leur suggérera, ci-après, d’aller plus loin en matière de précarité, sachant que celle-ci est à l’ordre capitaliste ce que la discipline est à la force des armées, et on leur proposera d’autres amputations à notre contrat social si contraire aux commandements de la Très Sainte compétitivité.

Mais d’abord, pourquoi ce recours euphémistique à l’image d’un nomadisme contractuel ? Et est-il de saison de communiquer sur l’idée de nomadisme au moment où des hordes de migrants venus du monde barbare, et d’une religion des plus suspectes, entreprennent de submerger l’Europe (recours qui risque d’autant plus de paraître mal venu que les religions qui sont chez nous ‘’de souche’’ n’ont jamais comporté, on le sait, la moindre incitation à secourir les malheureux et à accueillir l’étranger).

D’où le ‘’parler vrai’’ de la première des préconisations annoncées : que le licenciement d’un salarié devienne aussi simple et rapide que pouvait l’être le congédiement d’une bonne ou d’une cuisinière par un ménage bourgeois du XIX ème siècle. L’annonce d’un pareil bond en avant de la France dans la modernité entrepreneuriale ferait à coup sûr trembler nos concurrents de Chine, d’Inde et du Bangladesh, pour ne rien dire de nos propres créateurs de richesse et d’emplois qui ont si abondamment délocalisé au Maroc ou en Roumanie …

Donnons toutefois quelques gages aux salariés français : qu’il leur soit ainsi accordé un préavis de 8 jours avant de prendre pour de bon la porte, ce qui leur laissera largement plus que le temps nécessaire pour débarrasser leur bureau ou leur vestiaire, rendre leur badge d’accès et de contrôle horaire, et souhaiter une bonne continuation à leurs futurs ex-collègues. Huit jours pour satisfaire à ces quelques obligations, c’est beaucoup, sans doute, mais la France est généreuse !

Débarrassons en revanche les patrons de tout ce qui nourrit si inutilement les contentieux du travail - ce qui sera au reste la suite logique du plafonnement des indemnités attribuées par les juridictions prud’homales.

Qu’il soit ainsi entendu qu’un licenciement individuel sera justifié par la seule allégation qu’énoncera un patron de ce que son employé n’a plus sa place dans son entreprise. Merveilleux tarissement des recours en perspective !

Pour les licenciements collectifs, il faut et il suffit que la loi dispose que rien ne saurait s’opposer à ceux-ci, ou les ralentir, dès lors que l’employeur signifie qu’ils seront profitables à la rentabilité, à l‘augmentation des dividendes versés et à la valorisation de la capitalisation boursière. Et pour affermir comme il se doit la production de ce motif de bon sens, il importe que le législateur attache de surcroît aux dires de l’employeur une présomption irréfragable de bonne foi.

Pour les autres préconisations, on a quelque scrupule à les mettre en avant tant il est clair qu’on ne fera là rien d’autre que d’enfoncer des portes ouvertes - et ouvertes depuis des années sur les pâturages enchanteurs de l’Eden néo libéral.

Un Eden dont la défense syndicale des ‘’droits acquis’’, l’ignorance qu’ont les masses de la rationalité indépassable du capitalisme, et l’impéritie et la faiblesse des dirigeants politiques, nous interdisent accès.

Sacrifions néanmoins à cet exercice de révision des ‘’fondamentaux’’ sur lesquels il est plus que temps de se réaligner, au moins pour mettre l’accent sur les premières urgences :

> passons rapidement sur la durée du travail - est-il en effet besoin de mentionner la suppression des 35 heures ? Celle-ci est acquise dans les têtes qui se gouvernent et nous gouvernent conformément à la doxa ordo libérale - même si des ‘’enfants perdus’’ de l’histoire économique prétendent, certainement par entêtement intellectuel, qu’il est extravagant de méconnaître que sur la longue durée, la réduction du temps de travail va de pair avec l’accumulation des gains de productivité.

Et il est donc pareillement acquis que le gouvernement issu de la remise à plat électorale de 2017, quel qu’il soit (hormis l’hypothèse d’école d’une victoire de la ‘’gauche’ maintenue’’), règlera leur sort aux emblématiques RTT. Ce qui tordra le coup à l’idée d’un passage aux 32 heures, réclamé par la CGT, en laissant pour seule question vraiment ouverte celle de savoir si les 39 heures - ou, mieux, les 40 heures - enfin rétablies seront payées 39, 40 ou 35 heures. C’est bien sûr la troisième option qui nous garantit de nous rapprocher suffisamment du modèle polonais ou slovaque, avant que nous soyons en mesure de rivaliser en la matière avec le Pakistan ou l’Indonésie.

Il est cependant un point de doctrine qu’il n’est jamais inutile de rappeler chaque fois qu’il est question la durée du travail et qui tient en ceci : cette durée doit toujours être laissée à la discrétion de l’employeur pour la double raison qu’elle garantit l’appropriation des gains de productivité par les actionnaires - c'est-à-dire l’un des fondements de l’ordre normal des choses -, et que la régulation classique du capitalisme ne connaît que trois variables d’ajustement : les salaires, le volume de l’emploi et la durée du travail.

> le recadrage des accords collectifs est en revanche un peu plus timidement envisagée, et avec des prudences tactiques dans lesquelles nos concitoyens se perdent quelque peu vu la technicité juridique du sujet. Il faut donc dire clairement qu’on ne laissera subsister que les accords d’entreprise.

D’abord, parce que l’instauration des autres types d’accords collectifs date du Front Populaire, c'est-à-dire de la préhistoire sociale, économique et politique, et qu’elle n’a représenté qu’une capitulation en rase campagne d’un patronat terrorisé par les grandes grèves de 1936 avec leur cortège d’occupations d’usines. De ce point de vue, il y a là une revanche à prendre au nom du droit de propriété et de la légitimité sans partage de l’autorité patronale.

Ensuite, parce que rien n’est plus anti concurrentiel que ces accords nationaux et de branches. Qu’est-ce qui les distingue, en effet, des diverses formes d’ententes sur les prix et tarifs qui sont sanctionnées (et si coûteusement) en ce qu’elles entravent le fonctionnement naturel de la libre concurrence ? Le jeu normal de l’économie libérale implique que l’entreprise qui pratique les salaires le plus bas et les modes de travail les plus productifs au moindre coût - et qui donc exige toujours plus de ceux qu’elle fait travailler tant qu’ils sont moins onéreux qu’une machine ou que le robot qui un jour les remplacera- en tire le plus grand avantage vis à vis de ses concurrentes et corrélativement le plus grand profit. La mondialisation ne le prouve-t-il pas amplement ?

Ce qui précède ne donne pas à l’accord d’entreprise plus de valeur qu’il ne saurait en avoir en regard de l’indivisible pouvoir de tout décider et de tout gouverner que possède l’actionnaire.

Canon dont il découle que ses mandataires doivent toujours être en droit de convaincre un salarié de déroger, de ‘’gré à gré’’, aux stipulations de l’accord d’entreprise - dérogation dont la bonne logique économique veut qu’elle vise très prioritairement à apporter un avantage substantiel à l’entreprise.

> la troisième urgence vise le statut de la fonction publique, legs cette fois de l’immédiat après-guerre et d’un ministre de la fonction publique, Maurice Thorez, qui était en même temps secrétaire général du Parti communiste … A qui cette paternité  satanique ne semblerait pas une raison suffisante, on fera valoir que l’abolition du statut des fonctionnaires et la transformation de ceux-ci en agents de droit privé, constituent le point de passage obligé si l’on entend mener à son terme la privatisation des services publics exécutés dans le cadre étatique. Comme la disparition des autres statuts protecteurs conditionne le passage au privé des services publics confiés à des organismes publics ou semi-publics. Et pour ceux qui substitueront dans leur cadre actuel, l’éradication de toute sauvegarde de type statutaire y rendra enfin irrésistible l’importation des modes de management appliqués dans le secteur marchand, et partant la disparition rapide de cet ‘’esprit de service public’’ où se fortifient ceux qui contestent contre l’évidence et la raison que tout est marché dans l’univers mondialisé.

L’enjeu est bien de réduire à presque rien les services publics, au moins tels que nous les connaissons, d’y mettre en pratique la règle d’or qui veut qu’on ne gère pas une main d’oeuvre hors le jeu combiné de la peur des chefs - qu’on active celle-ci par la menace sur l’emploi, par le harcèlement moral, ou par un chantage aux primes - et de l’individualisation de la mesure des ‘’performances’’ (bâton et carotte présentant en fait les deux faces d’une même monnaie), et de restreindre leurs moyens - au point que tout un chacun sera définitivement convaincu de leur lenteur et de leur inefficacité - en sorte que les contributions publiques, réduites à due concurrence, cessent enfin de confisquer aux entrepreneurs-gagnants les récompenses pécuniaires que le capitalisme leur promet.

On ajouterait intelligemment à cette vaste stratégie en envisageant un dépérissement plus radical encore de l’Etat : pourquoi ne pas s’interroger, dès lors qu’on est résolu à porte le fer parmi les fonctionnaires et assimilés, budgétivores par définition, sur un rétablissement de la vénalité des charges pour nos magistrats, sur un retour à des compagnies de mercenaires équipées à leur frais en lieu et place de notre armée soldée, et sur la substitution de forces de protection privées à la police nationale fonctionnarisée - à l’instar de ce que les Américains ont fait en matière de sécurité dans l’Irak occupée et avec des succès si éloquents ? Etant entendu, qu’en privilégiant ainsi les solutions d’un passé où l’Etat était faible - ainsi bien sûr qu’en avançant à reculons, dans un mouvement parallèle de même inspiration, jusqu’à l’époque exemplaire où le niveau de profitabilité du capitalisme était maximal -, la France s’affirmerait comme la meilleur disciple des ayatollahs libéraux de Bruxelles et de Luxembourg, et ce d’autant qu’elle ne manquerait pas d’étendre à tous les démantèlements de sa gouvernance publique au profit d’opérateurs privés la mise en pratique la plus scrupuleuse des appels d’offres européens.

Les révisions additionnelles qu’appelle notre contrat social, si elles contribuent tout autant à la réalisation de ce grand projet de société, pour ne pas dire de civilisation, qu’est l’allègement du code du travail, relèvent, elles, d’un travail d’élagage et ne requièrent donc pas qu’on leur consacre un effort particulier d’imagination ou d’invention juridiques.

> La première tombe sous le sens et cible les comités d’entreprise, autre création imputable aux gouvernants de la Libération. Quel chef d’entreprise a jamais tenu le moindre compte des avis que la loi l’oblige à solliciter des représentants du personnel ?

Ne reste à cette institution que de faire perdre une demi-journée, voire une journée, chaque mois, à des patrons qui ont assurément mieux affaire que de subir les critiques d’élus qui appartiennent majoritairement aux classes inférieures, ou qui se rangent dans les catégories les moins entreprenantes, et qui sont en conséquence dépourvus des connaissances et de l’expérience qui font l’apanage d’un patron et qui forgent ses capacités de jugement.

> des raisons grosso modo identiques, si l’historique de leurs créations respectives diffère, condamnent tout autant les délégués du personnel, les délégués syndicaux et les représentants du personnel dans les comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail.

Délégués du personnel - encore une création que nous devons aux gouvernements du Tripartisme rouge-noir de l’après Libération (et dont la configuration était de surcroît intervenue pendant le Front Populaire !) - et délégués syndicaux - invention (jointe à celle des sections syndicales vouées à rendre inexpugnable la présence des syndicats dans l’entreprise) en laquelle le gaullisme dit d’inspiration sociale s’est imaginé trouver un garde-fou après la grande vague anarcho-syndicale de mai 1968 - ont au moins cet avantage que 99% des salariés ne distinguent pas leurs rôles respectifs. Comme c’est au demeurant le cas, dans la juxtaposition des institutions représentatives du personnel (un mille-feuille social qui n’a pas grand chose à envier au ‘’mille-feuille administratif’’ territorial), des compétences respectives des divers autres organes élus. Avantageuse confusion des esprits qui démobilise suffisamment pour que les entreprises en tirent à la marge une atténuation des nuisances qui sont imputables aux lubies des législateurs et autres utopies participatives qu’on a mises en œuvre à leurs dépens.

Mais qui compte pour peu si l’on considère les avantages d’une disparition complète de ces contre-pouvoirs, pour faibles que soient ceux-ci. Avantage de remettre au travail à plein temps tous les bénéficiaires d’heures de délégations, le paradoxe qui veut qu’ils soient rémunérés pour s’opposer à l’autorité patronale, ou pour mettre en doute la compétence des membres de la direction dans les CE, ou les avis des experts de celle-ci dans les CHS-CT, n’étant plus soutenable quand l’entreprise doit entièrement s’investir dans le grand jeu concurrentiel du business et du darwinisme industriel et marchand. Mais avantage surtout de rétablir les vraies hiérarchies sociales, et, si la loi ne supprime pas tout bonnement les instances concernées, de priver de toute protection légale la contestation du pouvoir légitime et naturel des directions, contestation qui dès lors pourra sans mal être éradiquée, libérant de ses entraves syndicales l’essor des gains de productivité et de profitabilité.

Au moins deux autres révisions s’imposent sans tarder. Elles n’ont pas tout à fat leur place ici, non par ce qu’elles nécessiteraient trop d’explications - sur le fond leur simplicité est aveuglante -, mais pour la raison que les patrons s’exposeraient peut-être excessivement en les avançant (d’ici à ce qu’on suppose qu’ils seraient mus par un intérêt personnel égoïste ….).

La première touche à notre système de protection sociale qui, en l’état, ne se tiendra jamais dans un coût tolérable et maîtrisée, et dont il convient par conséquent qu’il passe entièrement dans les mains des compagnies privées d’assurance qui le gèreront dans une logique assurantielle avec pour objectif de le rendre rapidement excédentaire. On mettra fin du même coup à ce gâchis gigantesque qui voit le pactole constitué par les cotisations sociales des Français demeurer inactif dans les caisses de la sécurité sociale, alors que sa vocation est maintenant d’être engagé dans les ‘’Quitte ou Double’’ (ou plutôt - et en restant des plus mesurés … - dans les ‘’Quitte ou Décuple’’) de la financiarisation mondialisée, où les assureurs privés, eux, ne manqueront pas de le miser dans d’inventives combinaisons servies par les logiciels les plus ingénieux.

La seconde s’attaque au caractère spoliateur de l’impôt progressif. Type même de la fiscalité idéologique et égalitariste, il contraint les riches, si utiles chez nous mais las d’être jalousés et méconnus dans leurs mérites (y inclus celui, éminent, de conserver et de transmettre les patrimoines) à une émigration fiscale qui s’apparente à l’émigration nobiliaire accélérée après la Nuit du Quatre-Août et l’abolition des privilèges. L’un de nos plus grands patrons - on ne lui contestera pas cette qualité même si en tant qu’avionneur, il a la République, dont il est par ailleurs sénateur, pour client le plus considérable et pour agent des ventes le plus actif - vient de le rappeler : le seul impôt économiquement sain -entendons le seul acceptable par les plus fortuné à raison de ce qu’il leur laisse - est l’impôt proportionnel à taux fixe. Les Britanniques nous montrent l’exemple à cet égard, et avec le plus solide argument que ce mode de calcul des contributions publiques puisse faire valoir : si dans tous les pays alignés sur la doxa ordolibérale, les inégalités ont immensément progressé ces dernières décennies (preuve irréfutable d’une pratique parfaitement orthodoxe du capitalisme et de l’économie de marché), le Royaume-Uni renferme toujours, et encore pour le moment avec l’Inde, la société de castes la mieux affermie, la plus dominatrice et la plus sûre d’elle-même.

Tout libéral convaincu se dira - au moins l’escompte-t-on - après avoir lu ces lignes : « J’ai fait un rêve ! ».

Quelque chose suggère cependant à l’auteur des mêmes lignes qu’en revanche la plupart de ses lecteurs penseront : « Quel cauchemar ! ». Et ils auront bien raison.

Mais raison à la mesure de l’interprétation qu’ils tireront de ce cauchemar. Si en effet le dormeur au moment d’entrer dans le sommeil ignore quel songe, agréable ou terrifiant, viendra l’habiter, nous savons, nous, que celui qu’on vient de figurer nous attend à coup sûr, au moins pour ces grandes lignes, si la gauche - la gauche ‘’canal historique’’, qui n’a rien renié de son projet de société, plus la gauche écologique, c'est-à-dire au total la gauche ‘’maintenue’’ - ne sort pas à temps de son endormissement politique et programmatique d’ici à la double échéance électorale de 2017.

Didier LEVY - 14 01 2016

mercredi 6 janvier 2016

QUE VOUS SOUHAITER POUR CE NOUVEL AN ? (dans le chemin si ardu vers la tolérance).


L U M E N A
A Claudine

A MES AMIES-AMIS, A MES COMPAGNONS DE ROUTE

SUR LE SENTIER DE L’INTELLIGENCE DE LA FOI

… sur ce sentier étroit où nous avançons, chacun à notre rythme, chacun avec en tête le but précis qui lui est propre, et dont sur la durée d’une vie nous aurons au mieux parcouru quelques mètres, ou quelques dixièmes parties de mètre. Et qui nous aura offert, depuis les points de vue où les un(e)s et les autres nous aurons fait halte en chemin, une infime ouverture sur le paysage qu’il nous sera donné d’apercevoir et d’admirer, dans toute son étendue, une fois venu le temps du repos imparti aux marcheurs. Les randonneurs que nous sommes, et qui en lieu et place des signes habituels marqués de rouge et de blanc, s’efforcent de suivre ceux dispensés par l’Esprit, auront trouvé leur récompense dans la longue progression de leur approche, sachant qu’ils ne verront rien d’autre au terme de celle-ci que la Lumière promise à toute créature.

Je ne suis pas trop porté, je l’avoue,  sur les vœux de Nouvel An. D’abord parce que les conventions et les rituels qui nous obligent à date fixe auraient plutôt tendance à m’horripiler-  on n’est pas pour rien de la génération qui a eu 20 ans en mai 1968 et qui a envoyé promener pas mal de ces figures imposées.

Ensuite parce que ces vœux me semblent depuis toujours entachés d’un soupçon de paganisme : quelque chose qui nous renvoie au ‘’Utinam’’ latin, à ce ‘’plaise aux dieux que …’’ qui évoque le legs du monde grec et romain qui est venu participer au soubassement et à la conception de nos modes de pensée.

Dès lors, quels souhaits vous adresser ? Aucun si je suis cohérent avec moi-même, mais à leur place une espèce d’invitation partagée à nous recommander de l’espérance.

Non pas de l’espérance d’être gratifiés de telle ou telle grâce particulière, de tels concours de grâces, puisque toutes nous sont par avance acquises. J’entends celles que la transcendance a conçu de nous donner en considération de ce que sont nos vies et de ce vers quoi elles sont appelées à se diriger.

Mais de cette autre espérance qui est de recevoir la faculté de distinguer les grâces reçues. Celles dont nos forces, affaiblies voire usées par la confrontation avec le mal présent en ce monde, ne discernent plus la présence en nous et autour de nous. Jusqu’à éteindre la foi, jusqu’à laisser tout s’enfoncer dans l’obscurité qui tombe sur les promesses millénaires. Et jusqu’à ne rien imaginer d’autre que notre rien et notre égarement dans le silence éternel des espaces infinis, un silence qui vient se confondre avec le silence de D.ieu.

Une faculté qui interroge : sur quoi ouvrent la conscience d’une incessante donation et la perception d’une sollicitude aussi inconditionnelle que non réductible, en fin de compte, à la somme des gratifications qu’elle dispense ?

Il suffit que ce soit sur la capacité de faire nôtre la certitude où se rejoignent Georges Bernanos et Thérèse de Lisieux : l’intuition spirituelle, sorte de point sublime de la foi, que « Tout est grâce ». Quelle plus belle entrée en matière au premier jour d’une nouvelle année ?

Mais cette grâce n’est pas seule en ce monde, ou le temps de ce monde serait accompli. Dès lors, et pour utiliser une expression bien démodée mais qui conserve l’essentiel du sens qu’elle a eu pendant un temps très long, de quelles bonnes résolutions s’armer pour affronter la part inachevée du monde ? Lesquelles se recommander mutuellement ?

Il ne nous appartient pas d’inscrire sur les murs des Balthazar d’aujourd’hui le «Mane, Thecel, Phares» fatidique. Mais il ne nous est pas pour autant imparti de demeurer inerte face à ce qui détruit la dignité des hommes et la beauté de la Création, alors même qu’on prête au rabbi Jésus de s’être refusé à l’être devant les marchands et les changeurs du Temple (prémonition évangélique de la marchandisation et de la financiarisation qui ont tout recouvert autour de nous comme une marée qui monterait sans fin ?).

Sauf qu’il nous faut alors nous demander comment la béatitude promise aux pacifiques s’accorde à nos indignations, au mouvement qui naît de la colère de l’âme et qui anime toutes les dénonciations de la cupidité, des injustices et des fanatismes, et toutes les résistances à leur violence et à leur cruauté. Cupidité, injustices et fanatismes qu’aucune époque avant la nôtre n’a sans doute connu investis d’une aussi sinistre virulence.

Sans penser offrir ici un modèle ni même un exemple - comme s’il s’agissait de substituer l’un ou l’autre aux vœux dont je m’affranchis -, je livrerai la résolution à laquelle je m’attache : contester, attaquer et subvertir sans relâche les idées et les mots, les discours et les argumentaires, qui entraînent ou confortent les soumissions au culte de l’argent-roi, ou qui étendent la contamination de la peur et du rejet de l’autre, du dissemblable, du minoritaire et de l’étranger, ou qui forgent et disséminent des identitarismes aussi fallacieux qu’absurdes qui font le lit de l’intolérance, de la ségrégation, puis des persécutions et de la barbarie.

Résolution qui s’équilibre par la condition qui est mise à son exécution : que l’intention soit de disqualifier les représentations et les messages et de s’en prendre, de colère et de raison, aux sources qui les produisent, et non d’humilier celles et ceux qui les reçoivent. Pari difficile à tenir s’il en est : le scrupule de charité ne vient pas spontanément vis à vis de ceux qui ‘’manifestent pour tous’’ afin de perpétuer une discrimination et qui confondent loi et mariage civils et normes et mariage religieux. Ou, pire, à l’égard de qui regarde l’arrivée de réfugiés comme une infection ou de qui dépeint les immigrés comme une lèpre. Mais cette difficulté n’est-elle pas celle qui s’attache aux ‘’bonnes résolutions’’ ?

La mienne ressort assurément mieux d’une expérience toute récente qui lui a offert un contexte et des personnages autrement gratifiants. Et qui surtout l’a confrontée non au défi de faire montre d’une indulgence par trop héroïque mais, sur un mode bien plus humble, à un devoir de tolérance très élémentaire.

Ainsi ai-je parlé avant-hier soir avec une jeune femme rwandaise, évangéliste convaincue. J’abordais naturellement cette conversation dans le respect des convictions de mon interlocutrice, personne pleine de d’humanité et de dignité. Et donc avant tout soucieux de ne pas choquer, peiner ou paraitre provoquer.

Mais sans m’interdire de lui expliquer en quoi j’étais un ‘’croyant-non croyant’’, quelqu’un qui réduisait les dogmes à des concepts explicatifs liés au temps où ils furent forgés, et aussi passionnément ouvert aux exégèses des Livres saints qu’absolument rétif à toute historicisation les concernant. Ni de lui parler de lecture midrashique et de gématrie, ou des sources et de la configuration tardive, articulée et composite des évangiles synoptiques. En lui indiquant de surcroît que je voyais moins entre christianisme et judaïsme une filiation qu’une unicité spirituelle. Et en ne lui épargnant pas mes marottes habituelles - la splendeur du prologue de Jean (« Et le Verbe s’est fait chair ») les questionnements abyssaux de la péricope de La Femme adultère ou du « Cesse de me toucher ! »[1] de l’apparition de Jésus ressuscité à Marie de Magdala …

Ce que j’ai ainsi mis en avant compte bien peu en regard de ce dont cette jeune femme m’a fait prendre conscience à travers ses réponses et ses réactions. Que sa foi, telle qu’elle la vivait, constituait sa force, que c’était là la foi dont elle avait besoin, qui s’accordait pleinement à son âme et à sa vie. Rien d’autre a priori pour moi qu’une confirmation de l’idée conçue de longue date que l’Esprit dispense des lumières qu’il ne hiérarchise pas mais qu’il ajuste non seulement à la connaissance et à la compréhension des créatures humaines à chaque temps de leur histoire, mais au moins autant - et comme il en va des grâces - à la place que chaque attributaire a vocation à tenir dans le projet de la transcendance. Une confirmation, cependant - oh combien directe et vivante, et d’autant plus sensible qu’elle s’imprimait de plus en plus profondément à mesure que notre échange avançait - qui transformait une intuition intellectuelle en l’écoute d’un témoignage rayonnant de vérité.

Une vérité si pénétrante, de par la solidité et la densité de la conviction qui me répondait, que le lendemain m’est venu à l’esprit qu’elle avait ouvert à mon intention dans le si souvent lu et entendu « il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père » - qui fut le sujet d’un lumineux article de Nathalie Gadéa[2]  - le passage vers une signification supplémentaire. Que résume une citation de cet article :

« L'Esprit ne cesse de travailler le cœur des croyants au sein même de cette diversité. Sans aucun mépris pour aucune des formes de dévotion ou propositions diverses, ils s'exercent à repérer ce qui est bon pour eux, car si tout est bon, tout ne convient pas à tous ».

J’espère, mes ami-es et mes compagnons de route, qu’au cours de l’An qui commence, vous rencontrerez des expériences aussi fortes que celle que je viens de vivre et de vous décrire. Une rencontre vers laquelle l’Esprit vous aura guidés et qui vous soutiendra - comme celle dont j’ai été gratifiée le fera dans mon chemin si ardu vers la tolérance, et dans le pari un peu impraticable que j’ai ajouté à son itinéraire.

Et enfin, pour ne pas me montrer trop prisonnier d’une rigidité de pensée, je vous souhaite quand même une ‘’Bonne Année’’, une excellente, sereine et féconde année 2016 !

Fraternellement à chacune et à chacun de vous.

Didier LEUWEN - 03 01 2016


Publié par "penserlasubversion" dans "collection LUMENA".






[1] Référence à un article de René Guyon : « Cesse de me toucher ! » publié le 17 mai 2015 par ‘’Garrigues et Sentiers’’ (voir aussi « Cesse de me toucher, Marie de Magdala »  sur ‘’penserlasubversion’’ du 19 mai 2015).
[2] « Plusieurs demeures dans la maison du Père » publié le 13 septembre 2013 par ‘’Garrigues et Sentiers’’.