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lundi 4 avril 2016

’'D’HUMEUR ET DE RAISON’’ : AFFAIRE BISMUTH, NICOLAS SARKOZY FAIT UN PAS VERS LA CORRECTIONNELLE (in le journal de «penserlasubversion»).


L’humeur devant les dits et les faits,
l’effort de raisonner le quotidien.



 Les commentaires du bloguemestre au fil de l’actualité



n Le billet du 24 mars 2016 [1].

WWW.MEDIAPART.FR - 22 mars 2016 - par Michel DELEAN

"MEDIAPART PUBLIE L’ARRÊT DE LA COUR DE CASSATION REJETANT LE POURVOI DE NICOLAS SARKOZY DANS L'AFFAIRE PAUL BISMUTH. LA PROCÉDURE EST VALIDÉE, ET L'ANCIEN CHEF D'ÉTAT RISQUE DE SE RETROUVER EN CORRECTIONNELLE A MOYEN TERME DANS LE DOSSIER DE CORRUPTION, DE TRAFIC D’INFLUENCE ET DE VIOLATION DU SECRET PROFESSIONNEL CONNU SOUS LE NOM D’AFFAIRE PAUL BISMUTH".

… VOUS NE VOYEZ PAS COMME UNE CERTAINE SIMILITUDE ENTRE UN SARKOZY JUGÉ POUR CORRUPTION ET TRAFIC D’INFLUENCE ET AL CAPONE EMPRISONNÉ POUR FRAUDE FISCALE ?

OU QUAND LA JUSTICE FAIT AVEC CE QU’ELLE A …

Bon, c'est déjà ça, et c'est réconfortant.

ENCORE que cela ne peut que motiver davantage l’intéressé à se présenter en 2017 pour bénéficier, s’il était élu (je sais : ne parlons pas de malheur !), de l’impunité attachée à la fonction de Président de la République - une extravagante survivance, dans son étendue, du privilège monarchique qui est à son origine (notre première constitution écrite, instituant en 1791 une monarchie constitutionnelle, ne déclarait-elle pas la personne du Roi «inviolable et sacrée» ?

Et à lui faire pousser les feux pour l’emporter à la primaire de la droite : exclure qu’il puisse en sortir vainqueur nonobstant les « casseroles » qui devraient le plomber et même lui faire renoncer à s’y présenter par dignité - terme incongru dans le cas d’espèce -, c’est méconnaître qu’il en sera l’organisateur, et qu’une élection organisée par Sarkozy cela risque fort d’être du Coppé au carré, et surtout en mieux ficelé.

Le tout sur fond d’un calendrier judiciaire qui le verra plus que probablement arriver indemne de toute condamnation, en particulier à une peine d’inéligibilité, à l’automne 2016 …

Pour l'instant, l'échéance d'une mise en jugement se profile sur ce qui peut apparaître comme la plus mineure des imputations qui menacent Nicolas SARKOZY : une suspicion de corruption de magistrat, c'est en effet vraiment peu de choses s'agissant d'un personnage de cet acabit !

On se convaincrait davantage qu'on vit dans un état de droit si Thémis était présentement en mesure ou sur le point de juger l'escroquerie faramineuse commise aux dépens de l'Etat dans "l'arbitrage" arrangé en faveur du sieur Tapie - la présomption d'innocence a fort à faire avec l'intime conviction que notre personnage a personnellement décidé et bel et bien orchestré cette magouille du type "république bananière".

Ou encore - pour laisser de côté les topaziennes et pléthoriques commandes de sondages à des "conseillers vertueux’’, serviteurs qui (pillent) la maison" - si la justice était en mesure ou sur le point de se prononcer sur le financement libyen de sa campagne de 2007. Dossier tout autant destructeur pour la même présomption d'innocence.

Ce qu'on sait du coût délirant de la campagne suivante et, sur un plan général, de la fascination compulsive et de l’appétit pour l'argent de Nicolas Sarkozy, de son assuétude au mensonge et de son absence de sens moral conjuguée a un égocentrisme quasiment pathologique, laissent bien penser que l'aide financière d'une dictature comme celle de feu Kadhafi n'aurait rien eu (n'avait rien eu) pour le faire hésiter.

Tous facteurs en effet de nature à lui faire ignorer qu'accepter un financement électoral d’un Etat étranger n'est rien d'autre qu'une forfaiture par anticipation : i.e. se lier par avance les mains vis à vis de cet Etat en s'exposant à toutes formes de chantage de sa part. Et donc aliéner au profit de cet Etat contributeur la souveraineté et l'indépendance de son pays (être le garant de l'une et de l'autre constituant, rappelons-le, le cœur même de la fonction présidentielle). Ceci étant souligné en imaginant bien que notre invasion de la Libye a tout eu pour permettre de détruire les preuves de la générosité intéressée du dictateur de Tripoli envers l'ex maire de Neuilly. Le secret défense étant susceptible de conforter et de sécuriser cet effacement de preuves.
Un dernier point : on admire que les droits de la défense soient aussi exemplairement respectés dans le cas de l'ancien Président de la République - ce dernier étant assisté, il est vrai, d'un conseil tenu pour une "pointure" du barreau et concourant merveilleusement à augmenter la lenteur des procédures et à freiner le travail des magistrats instructeurs.

On aimerait cependant pouvoir se dire qu'un respect aussi scrupuleux des mêmes droits est garanti aux gamins désocialisés des banlieues "sensibles" et autres "racailles", aux auteurs des indémontrables "outrages et rebellions" et à tous les dealers de shit ayant pignon sur les couloirs des immeubles des cités, lorsque les uns et les autres sont jugés en comparution immédiate ….

’Selon que vous serez puissant ou misérable" …, nous savons trop que la justice, et donc la loi, ne sera pas tout à fait ‘’la même pour tous’’.

Nous le mesurons et nous en accommodons de très longue date. Ne serait-il pas temps de porter enfin le glaive du législateur et le fer de la vertu civique dans ce déni par la république de ce qui constitue son principe le plus fortement proclamé ?

Didier LEVY

[1] Publié sur Facebook ce même jour.


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