Pages vues le mois dernier

dimanche 23 avril 2017

LE VICE CACHÉ DU PREMIER TOUR


Ou plutôt l'un des deux (on reviendra bientôt sur le second qui détermine celui-ci) qui pour tout républicain devraient invalider une élection à laquelle la majorité des citoyens qui y prendront part le feront en passant outre aux raisons qui leur commanderaient de ne pas le faire.

Dont, bien sûr, celle-ci : si le vote sera incontestablement plus libre, et surtout plus régulier, qu'au Gabon, les mœurs politiques et privées qui en feront pour deux des principaux candidats la toile de fond, n'ont à peu près rien qui les distinguent de celles qui sont en pratique dans le régime de Bongo II.


¤ UN CHOIX FORCÉ, CONSÉQUENCE D'UN VOTE A CARACTÈRE PLÉBISCITAIRE.

Nous devons nous dire, nous qui votons à contre-choix ou à contre prudence, que la situation de privation du libre suffrage républicain où nous serons ce dimanche de 1er tour, et les conséquences de notre vote que nous sommes susceptibles de recevoir en pleine figure, n'ont qu'une cause : l'aberration, ou plutôt le vice consubstantiel, d'un scrutin plébiscitaire qui induit cette disposition anti démocratique de réserver le second tour à deux candidats seulement.

Parce que la logique plébiscitaire exige une élection à la majorité absolue - majorité qui du point de vue démocratique, n'ajoute rigoureusement rien par rapport à la majorité simple, (tout juste une clause de protection supérieure dans le cas particulier d'une révision constitutionnelle) -, le corps électoral est contraint à un choix forcé, et par conséquent aussi fallacieux qu'absurde.

A l'inverse, imaginons que tous les candidats ayant satisfait à un seuil minimum de 5% des voix puissent participer au second tour : le vrai résultat apparaîtrait alors suivant le principe "au 1er tour on choisit, au second élimine". Le "vote utile" ne s'imposerait ainsi qu'à ce second tout, laissant au premier les électeurs complètement libres d'exprimer un suffrage conforme à leurs convictions, dicté par ces convictions et par l'idée qu'ils se font du Bien Commun.

Avec à gauche, une configuration du vote final très probablement dessinée par un désistement républicain de B. Hamon en faveur de JL Mélenchon. Ce qui serait naturellement de nature à donner au vote présidentiel des Françaises et des Français une issue complètement différente de celle qui se profile avec les règles actuelles posées dans le cadre d'un vote d'essence plébiscitaire.

Une issue qui traduirait la véritable volonté du peuple.

Il est pour le moins ahurissant que cette observation de simple bon sens n'ait à aucun moment (à ma connaissance) été formulée au cours des mois de campagne que nous avons derrière nous.

N'était-il pas temps qu'elle le fût alors que la décomposition du régime de la Vème république - régime en lui-même détestable du point de vue républicain -, qui est engagée depuis l'élection présidentielle de 2002 aboutit à transformer le scrutin de 2017 en une partie de roulette russe, avec 2 balles mortelles sur 4 ?

Didier LEVY - 23 avril 2017


Publié sur Facebook le même jour.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire