Ou plutôt l'un des deux (on reviendra bientôt sur le second qui détermine
celui-ci) qui pour tout républicain devraient invalider une élection à
laquelle la majorité des citoyens qui y prendront part le feront en passant
outre aux raisons qui leur commanderaient de ne pas le faire.
Dont, bien sûr, celle-ci : si le vote
sera incontestablement plus libre, et surtout plus régulier, qu'au Gabon, les
mœurs politiques et privées qui en feront pour deux des principaux candidats la
toile de fond, n'ont à peu près rien qui les distinguent de celles qui sont en
pratique dans le régime de Bongo II.
¤ UN CHOIX FORCÉ, CONSÉQUENCE D'UN VOTE A CARACTÈRE
PLÉBISCITAIRE.
Nous devons
nous dire, nous qui votons à contre-choix ou à contre prudence, que la
situation de privation du libre suffrage républicain où nous serons ce dimanche
de 1er tour, et les conséquences de notre vote que nous sommes susceptibles de
recevoir en pleine figure, n'ont qu'une cause : l'aberration, ou plutôt le vice
consubstantiel, d'un scrutin plébiscitaire qui induit cette disposition anti
démocratique de réserver le second tour à deux candidats seulement.
Parce que la
logique plébiscitaire exige une élection à la majorité absolue - majorité qui
du point de vue démocratique, n'ajoute rigoureusement rien par rapport à la
majorité simple, (tout juste une clause de protection supérieure dans le cas
particulier d'une révision constitutionnelle) -, le corps électoral est
contraint à un choix forcé, et par conséquent aussi fallacieux qu'absurde.
A l'inverse,
imaginons que tous les candidats ayant satisfait à un seuil minimum de 5% des
voix puissent participer au second tour : le vrai résultat apparaîtrait alors
suivant le principe "au 1er tour on choisit, au second élimine". Le
"vote utile" ne s'imposerait ainsi qu'à ce second tout, laissant au
premier les électeurs complètement libres d'exprimer un suffrage conforme à
leurs convictions, dicté par ces convictions et par l'idée qu'ils se font du
Bien Commun.
Avec à gauche,
une configuration du vote final très probablement dessinée par un désistement
républicain de B. Hamon en faveur de JL Mélenchon. Ce qui serait naturellement
de nature à donner au vote présidentiel des Françaises et des Français une
issue complètement différente de celle qui se profile avec les règles actuelles
posées dans le cadre d'un vote d'essence plébiscitaire.
Une issue qui
traduirait la véritable volonté du peuple.
Il est pour le
moins ahurissant que cette observation de simple bon sens n'ait à aucun moment
(à ma connaissance) été formulée au cours des mois de campagne que nous avons
derrière nous.
N'était-il pas
temps qu'elle le fût alors que la décomposition du régime de la Vème république
- régime en lui-même détestable du point de vue républicain -, qui est engagée
depuis l'élection présidentielle de 2002 aboutit à transformer le scrutin de
2017 en une partie de roulette russe, avec 2 balles mortelles sur 4 ?
Didier LEVY - 23 avril 2017
Publié sur Facebook le même jour.
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