> LES FAITS : (Source : « L’OBS » - 26 avril 2017 : l’article
est publié ci-dessous).
‘’Dans
un communiqué (…), la Conférence des évêques de France « n'appelle pas à
voter pour l'un ou l'autre candidat » [du
second tour] mais « souhaite
donner à chacun des éléments pour son discernement propre ».
‘’Contre Emmanuel Macron, qui est
favorable à la reconnaissance des enfants nés à l’étranger de la GPA, elle
écrit :
« C’est
en soutenant la famille, tissu nourricier de la société, en respectant les
liens de filiation, que l’on fera progresser la cohésion sociale ».
¤ Ainsi donc NNSS les évêques de
France font-ils connaître ès qualités un non choix de leur part entre Emmanuel
MACRON et Mme LE PEN.
Autrement dit, s’adressant à leurs ouailles, Ils tiennent la
balance égale entre un candidat républicain et la candidate de l’extrême
droite.
Façon de
laisser entendre à demi mot que sur cette balance, la charge qui pèse sur le
plateau marqué ‘’LE PEN’’ peut s’avérer, en fin de compte, un peu moins lourde
que les citoyens risquent de l’imaginer, dépourvus qu’ils sont des lumières qui
sont dispensées à la hiérarchie épiscopale.
Et que la
charge qui repose sur le plateau ‘’MACRON’’ est, en revanche, d’un poids bien
plus conséquent que celles et ceux qui se sont égarés loin des vérités morales
enseignées par l’Eglise romaine, se le représentent.
Faudrait-il en
effet s’arrêter au discours de haine et de mépris de Mme LE PEN, un discours systématisé
qui constitue à la fois la forme et le fond de toutes ses prises de parole
publiques ? Un discours qui excite les réactions éructantes de son public dont
la violence verbale, faite de la brutalité la plus primaire, se nourrit de
l’agressivité qu’il propage?
S’arrêter à son
exhortation, inlassablement répétée à ce même public, à ne voir l’Autre que
sous les traits de la peur, de l’exécration, de la dénonciation et du rejet
qu’il doit invariablement susciter ?
Ou encore
s’arrêter à ce nationalisme identitaire et ethnicisé qu’elle professe et qui
est la forme dénaturée et dégradée du patriotisme – la seule que
l’extrême-droite, en tout temps, ait voulu et pu concevoir.
Un
nationalisme qui s’exprime sous toutes les formes et variantes qu’a déjà pu
revêtir dans l’histoire ce « La
France aux Français » crié à pleins poumons dans tous les cortèges et
rassemblements racistes, hier anti juifs et anti métèques, aujourd’hui anti
immigrés et plus spécialement anti-maghrébins.
Et qui s’est
étalé à longueur d’éditoriaux dans toutes les publications les plus infâmes, de
l’Action Française à Rivarol, en passant par Gringoire et Je suis partout pour les titres les plus proches du fascisme ou les
plus acquis à celui-ci.
N’aurait-ce
pas été manquer purement et simplement de charité pour la Conférence des
évêques que de situer l’extrême-droite de 2017 et sa candidate dans la longue
durée à laquelle elles appartiennent. Ce qu’apparemment, par contraste, avait eu
le grand tort de faire en 2002 l’évêque de Saint-Denis.
En dressant
alors, dans un contexte à très peu de choses près identique à celui où nous
sommes, et avec le même patronyme en cause, ce constat parmi les moins sujets
au doute : « Aucun catholique clairvoyant ne
peut voter Le Pen héritier d’une tradition totalitaire et antichrétienne
».
Le manquement
à la charité consistant, en effet, à rappeler que Mme LE PEN et son parti
s’inscrivent dans une continuité qui identifie leur idéologie et les représentations
primaires sur lesquelles celle-ci s’est construite. Une continuité qui se
déroule de Drumont et des antisémites les plus forcenés dans les rangs anti
dreyfusards jusqu’au régime de Vichy et à la Collaboration, puis à l’OAS et au
Front National.
Pas question, en revanche, de relativiser le danger que
représentent les idées et le projet d’Emmanuel MACRON.
D’autant moins
que la coupable permissivité d’une société qui, grande majorité des catholiques
incluse, et depuis des lustres, se soucie d’Humanæ
vitæ comme de colin-tampon, et qui a rangé la loi Veil au nombre de celles
qui ont reconnu des droits naturels, expose le corps électoral à ne pas mesurer
le caractère intrinsèquement pervers des prises de position du candidat de ’’En
Marche !’’ sur le terrain de la famille.
Un candidat auquel
la campagne présidentielle doit de se voir infliger ce qui semble être, pour la
Conférence des évêques, son principal sujet de scandale : pensez donc, M. MACRON s’est prononcé en
faveur de la reconnaissance des enfants nés à l’étranger de la GPA !
Indignation
qu’on voudrait bien pouvoir partager. Si tout réfléchi - et quoiqu’on pense de
la dite GPA -, la prétention de nous convaincre de l’équité et du bon sens
qu’il y aurait à frapper d’indignité et à discriminer les enfants issus d’une
gestation de cette nature, ne nous laissait pas, au mieux, totalement
interloqués.
M. MACRON ne
s’en est au reste pas tenu là : il se publie qu’il est favorable à ce que
l’accès à la PMA soit ouvert à toutes les femmes - mariées ou célibataires, et
indifféremment au regard de leur orientation sexuelle. Un recours à la PMA qui
se déciderait librement, en conscience et sur des critères médicaux, entre une
femme et le médecin auquel celle-ci se serait adressée.
Telle qu’elle
est ciblée par les évêques de France dans les ‘’éléments de discernement’’
qu’ils offrent aux fidèles, la raison qui place la mise en garde consacrée à
Emmanuel MACRON au même niveau que celle qui vise Mme LE PEN, laisse entrevoir
que la hiérarchie catholique, avec une autre configuration de second tour,
aurait pu faire un autre choix que la neutralité qu’elle affiche présentement.
Non dans le
cas d’un affrontement FILLON versus
MACRON. Face à un candidat ayant d’emblée mis en avant ses convictions
catholiques comme pierre d’angle de son projet, et ayant de surcroît fait de la
phalange du Sens Commun – qui réussira si bien la scénographie de la pluvieuse mystification
de la place du Trocadéro - sa garde rapprochée, l’épiscopat n’aurait pas eu
besoin d’en rajouter. La prudence lui aurait commandé de faire ‘’profil bas’’,
et de laisser discrètement agir les relais dont il dispose dans le mouvement
des Manifs pour tous et qui y sont à l’œuvre depuis l’origine. Entre autres zélés
propagandistes qu’il trouve chez les activistes de la mouvance ‘’catho-tradi’’
et parmi ceux venus des franges intégristes.
La Conférence
des évêques aurait pu en revanche renouer avec son appel de 2002 à faire
barrage au Front National si le second tour avait opposé François FILLON à Mme
LE PEN.
Dans ce
scénario – et en imaginant bien évidemment un FILLON indemne des affaires qui
sont venues le disqualifier moralement -, point ne lui était besoin de
recommander un candidat « soutenant
la famille, tissu nourricier de la société, (et) respectant les liens de
filiation ». A l’abri de tout reproche de cléricalisme, son
intervention pouvait revêtir les traits de l’humanisme et reprendre les termes du cardinal Decourtray jugeant en 1985 que les
thèses du FN sont « incompatibles
avec la Bonne Nouvelle et l'enseignement de l'Eglise ».
Mais ce balancement si équilibré en apparence entre les
reproches respectivement formulés à l’encontre des candidats en lice à notre
‘’vrai’’ second tour, donne bien plus gravement à entendre que les dits
reproches ne renvoient pas de la part de l’épiscopat à des exigences tout à
fait du même ordre au regard de la ligne officielle de la morale catholique.
A Mme LE PEN, l’admonestation paternelle d’en faire un peu plus
pour les réfugiés et « d’accueillir
et d’intégrer quelques dizaines de milliers de ces victimes ». Admonestation au demeurant très atténuée par la forme
interrogative qui lui est donnée – presque mot pour mot ceci : la France,
si vous la présidiez, « pourrait-(elle) reculer devant la perspective »
de cet accueil ? ».
A croire que l'Eglise
de France se garde de démotiver ceux de ses fidèles qui se sont déjà portés
volontaires pour la croisade à venir contre l’islam et contre le Grand Remplacement dont ce dernier
menace un peuple d’identité catholique et de racines chrétiennes.
M. MACRON, lui, est interpellé bien plus sévèrement sur un manquement que son laxisme
moral le voue à commettre vis-à-vis de la morale catholique de la famille. Etrange sévérité préconçue qui dans la forme où elle s’exprime,
manifeste que la méconnaissance de ce « tissu nourricier de la société »
que tisse l’Eglise romaine serait plus préoccupante pour celle-ci que la
xénophobie et le nationalisme.
Une morale de
la famille qui a été consacrée dans sa dernière mouture au XIX ème siècle, mais
qui a toujours tenue son homologation catholique de hiérarques de sexe masculin
et célibataires de par leur état. C’est naturellement là une spécificité qui
sur quelques points non négligeables, a affecté l’expertise cléricale en la
matière d’un caractère exclusivement et dommageablement livresque.
Au-delà de
tout ce qui porte un croyant de notre siècle à relativiser la conception de la
famille sur laquelle est arc-bouté le clergé catholique – ou à accorder à cette
conception l’intérêt et la curiosité qu’on réserve à un fossile -, la primauté
que la Conférence des évêques accorde, et davantage qu’entre les lignes, au
respect de la morale chrétienne de la famille dans les ses critères
d’appréciation des deux candidats qui s'affronteront le 7 mai, met au jour une
réalité alarmante. Une réalité qui interpelle tous les républicains
indépendamment de la confession ou du courant philosophique dont ils se
réclament.
Plus d’un siècle après la promulgation de la loi de 1905,
l’épiscopat catholique, au moins pour une part significative sinon majoritaire
de ses membres, ne s’est toujours pas
fait à l’idée que la législation de la République laïque est par définition … une
législation laïque.
C'est-à-dire
une législation exprimant la volonté générale telle que cette dernière est
souverainement formée par les citoyens et exclusive de quelque influence, déclarée
ou occulte, de quelque droit de regard, suspensif ou non, ou (a fortiori) de quelque
intervention normative que ce soit de la part d’une autorité religieuse, d’une
instance communautaire ou d’une affiliation idéologique particulière.
Et une
législation qui, fidèle au principe qui commande les libertés inscrites dans la
Déclaration des droits de 1789, se doit
dans toutes les matières où le Bien et le Mal ne sont pas objectivables, de
garantir à chacun son droit au libre examen en matière d’éthique, et la
détermination du parti qu’il prend à titre personnel par le seul exercice de sa
liberté de conscience et d’opinion. Sous l’unique réserve des bornes légales
qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de leurs droits
naturels. Les exemples du recours à l’IVG, à la PMA, ou encore des limites susceptibles
d’être imparties au droit à mourir dans la dignité, viennent ici spontanément à l’esprit.
Premier
principe et principe fondateur du pacte républicain, la primauté de liberté de conscience et d’opinion qui constitue la clé
de voûte de la Séparation des Eglises et de l’Etat, fait défense à l’épiscopat
et aux fidèles catholiques – comme à tout autre syndication confessionnelle – d’invoquer
la plus infime part de légitimité à l’appui d’une revendication de leur part
tendant à conformer la loi de la République à leurs représentations morales.
Ce qui
concerne au premier chef, et pour autant que l’objection personnelle de
conscience soit reconnue, les ‘’questions de société’’ qui font débat
public : définitions légales de la famille, du mariage civil, de la
filiation et de l’adoption, égalité de droits et de situation entre les sexes,
sanctuarisation de la protection des minorités sexuelles, plus évidemment tous
les sujets relevant de la bioéthique.
Rien, là, qui puisse
conduire à entraver le moins du monde la libre expression dans ce débat public
du point de vue des cultes, et celui des autres convictions et sensibilités qui
sur les thématiques de cet ordre ont vocation à se faire entendre.
Etant entendu
que rien non plus – faut-il également le mentionner ? - dans la définition
et la configuration de la laïcité à la française ne règle par miracle les cas particuliers
où des droits d’égale importance peuvent entrer en concurrence ou en conflit.
Mais – et
c’est exactement la frontière infranchissable que la loi de Séparation a tracée
– la parole de conviction qu’engagent
dans la délibération commune sur des questions de conscience les différentes
institutions cultuelles, et principalement l’Institution catholique qui est la
plus portée à s’exprimer en tant qu’autorité constituée (sinon la seule à le
faire), n’emporte dans la République aucun droit pour ces institutions de
censurer la loi au motif qu’elle est contraire à leur doctrine, ou de la faire amender
conformément à leurs vues.
Ce à quoi
revient en réalité, sous couvert d’une fausse symétrie, le non choix auquel
s’arrêtent les évêques de France en motivant celui-ci par le danger qu’ils
décèlent dans le positionnement éthique d’Emmanuel MACRON.
Car c’est bien en arguant contre celui-ci d’un exercice de la
fonction de président de la République où il ne ferait pas allégeance à la
morale catholique de la famille, qu’ils justifient leur refus de prendre
position en tant qu’acteurs du débat public.
Renvoyer ainsi
dos à dos les deux finalistes de l’élection présidentielle, c’est signifier aux
électeurs catholiques qui sont prêts à suivre leur avis qu’à la différence de
2002, ils ne sont pas tenus au devoir de faire barrage au Front National dès
lors que le candidat républicain ne s’engage pas à aligner les lois de la
République sur l’enseignement de l’Eglise romaine dans les matières touchant à
la famille, et partant à la sexualité, à la reproduction, à la filiation ...
Dès lors que
le dit candidat ne s’interdit pas de faire entrer dans cette législation des
dispositions contraires à cet enseignement. Qu’il ne promet pas de dissuader
les représentants de la nation de voter des dispositions nouvelles méconnaissant
pareillement les diktats disciplinaires qui s’agrègent dans la doctrine morale qui
pour l’épiscopat, devrait surplomber et valider leur œuvre législatrice.
Abstention, vote blanc, vote ‘’en faveur de’’, tous les choix
qui découleront de la position de neutralité annoncée par la Conférence des
évêques seront favorables à Mme LE PEN.
C’est le
risque assumé par la hiérarchie catholique parce que c’est au prix de risques
de ce genre qu’elle peut atteindre le but sur lequel elle se réunit de plus en
plus majoritairement : subordonner la loi civile à son corpus sociétal et
au cadre réglementaire qu’elle assigne à celui-ci, en passant outre à la
laïcité – une laïcité à laquelle elle ne concède une place que si elle
s’adjoint des qualificatifs, tel celui d’apaisé, qui signifieront qu’elle a
désarmé.
Soit, au total, une démarche cléricale qui porte historiquement
le nom de confessionnalisme.
Quant à
l’avenir immédiat qui est engagé sur la base de ce confessionnalisme
renaissant, il nous menace de rien moins que de la dissolution de la République
si la candidate de l’extrême droite l’emporte le 7 mai.
Mais après
tout, cette République, l’aile la plus traditionaliste du clergé catholique –
pour ne rien dire de celle qui a gardé serré le lien avec la réaction -
l’a-t-elle jamais vraiment aimée ? Ne s’y est-elle jamais ralliée
autrement que de l’extrême bout des lèvres et avec les réserves mentales les
plus fortes et les plus indurées ?
¤ Pour s’éclairer d’une comparaison édifiante, ou plutôt accablante, on
se reportera au communiqué publié par l’Eglise Protestante Unie de France le 30
mars dernier. C'est-à-dire durant la campagne du 1er tour (donc bien avant avant la sélection - non
démocratique et pour la seconde fois d’un périlleux effet - des deux seuls
candidats admis au tour final).
Par cette
déclaration qui s’adresse à la communauté nationale et se réfère à des
principes non seulement chrétiens mais universels - et qui ne manque par
conséquent pas aux règles que fixe la laïcité (dont les Protestants ont compté
au tout premier rang des concepteurs et des soutiens) –, le Conseil national de
l’Eglise Protestante de France se positionne vis-à-vis d’un moment qu’il juge ‘’critique’’.
Face à la
catastrophe qu’il redoute « autour
de la double tentation de l’abstention et du discours nationaliste et xénophobe
de l’extrême-droite », il en appelle en premier lieu à la contribution
de toutes les convictions au respect, à l’affermissement, et donc à la sauvegarde
de la République.
Une prise de
position du protestantisme que nombre de citoyens, que nombre d’entre nous,
regardent comparativement comme une invalidation morale du non-choix auquel se
cantonne l’épiscopat catholique.
Un non-choix où
se lit l’influence déterminante des membres de cet épiscopat les plus ancrés
sur des positions conservatrices, et par là les plus enclins à considérer avec
sympathie les sensibilités réactionnaires qui tentent de se réapproprier sans
partage l’Eglise catholique.
Des
sensibilités dont les suffrages iront à Mme LE PEN. Mais l’inquiétude concerne
le nombre de catholiques, électeurs de droite, que la fausse – et hypocrite –
symétrie que les évêques de France ont mises sous leurs yeux risque d’entraîner
dans leur sillage.
Pour éloignés de l’extrême droite que ces catholiques aient
jusque ici été, ils se sentiront d’autant plus encouragés à déserter le vote
républicain si telle thématique frontiste les attire - et au minimum absous par
avance de cette désertion - que le ‘’discernement’’ qui leur aura été donné pour le second tour de
l’élection présidentielle aura disqualifié la défense d’une République coupable
pour la Conférence des évêques de s’affranchir de la seule loi morale en droit
de régir les familles.
Didier
LEVY – 30 avril 2017
Publié sur
Facebook le même jour.
____________________
¤ L’ARTICLE (qu’on s’autorise à reproduire en ce qu’il est aussi un acte de
militance dans le combat en cours pour la République)
‘’
L’affaire ne fait pas – pas encore ? - la Une des médias. Elle est pourtant
extrêmement grave.
‘’
En avril 2002, lorsque Jean-Marie Le Pen s’est retrouvé au deuxième tour de
l’élection présidentielle face à Jacques Chirac, plusieurs des plus importants
évêques de l'Eglise de France avaient clairement appelé à faire barrage au
Front National. Ainsi, le président de la commission sociale de l’épiscopat
français, Mgr Olivier de Berranger, évêque de Saint-Denis, déclarait :
«
AUCUN CATHOLIQUE CLAIRVOYANT NE PEUT
VOTER LE PEN HÉRITIER D’UNE TRADITION TOTALITAIRE ET ANTICHRÉTIENNE ».
‘’
Tandis que le président de la Conférence des évêques de France, Jean-Pierre
Ricard, appelait « à l'intelligence
plutôt qu'à l'instinct, au discernement plutôt qu'à la seule spontanéité, à la
sérénité plutôt qu'à la peur ».
‘’
Si bien que, le 3 mai 2002, "Libération", journal pas toujours tendre
avec les catholiques, écrivait un long article intitulé : « l’Eglise joue les vigies morales ».
‘’
Ce n'est plus le cas aujourd'hui. A tel
point que le quotidien catholique "La Croix", "déplore" le
« relatif silence » de l’Eglise.
‘’
Dans un communiqué alambiqué, la Conférence des évêques « n'appelle pas à voter pour l'un ou l'autre
candidat » mais « souhaite
donner à chacun des éléments pour son discernement propre ». Elle
renvoie ainsi dos à dos les deux finalistes.
‘’
Contre Emmanuel Macron, qui est favorable à la reconnaissance des enfants nés à
l’étranger de la GPA, elle écrit :
« C’est
en soutenant la famille, tissu nourricier de la société, en respectant les
liens de filiation, que l’on fera progresser la cohésion sociale ».
‘’
Contre Marine Le Pen, elle demande :
« Quand
certains pays accueillent des millions de réfugiés, comment notre pays
pourrait-il reculer devant la perspective d’accueillir et d’intégrer quelques
dizaines de milliers de ces victimes ? ».
‘’
Dès 1985, le très populaire cardinal Decourtray jugeait les thèses du FN « incompatibles avec la Bonne Nouvelle
et l'enseignement de l'Eglise ».
‘’
Aujourd'hui la Conférence des évêques refuse de trancher. Ce faisant, elle
laisse le champ libre à sa frange la plus active bien que très minoritaire,
"la Manif pour tous", qui appelle à s'opposer à Emmanuel Macron
qualifié de « candidat ouvertement
anti-famille ».
‘’
Cette position très ambiguë pourrait libérer certaines consciences. A droite, en
faveur de la candidate frontiste. A gauche, pour l’abstention.
‘’
D'ici au second tour, et à l'instar de 2002, des évêques peuvent encore faire
entendre une parole claire contre le risque frontiste. Si ce n'est pas le cas,
attention danger ! ’’.
Vincent Jauvert
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