Pages vues le mois dernier

mardi 19 mai 2015

Cesse de me toucher, Marie de Magdala : LIBRE PENSÉE SUR LA THÉMATIQUE CHRÉTIENNE DE LA RÉSURRECTION.

« Ne me touche pas car je ne suis pas encore monté vers mon Père »
ou  plutôt « Cesse de me toucher ! »

POUR LE BLOGUE "GARRIGUES ET SENTIERS"
(le texte ci-dessous intègre quelques amendements apportés à l’original).
En réponse à un article de René Guyon : Cesse de me toucher !
Publié le 17 mai 2015 par Garrigues et Sentiers -
Publié d’abord dans D'une Alliance à l'autre
  
Une fois encore, avec votre article « Cesse de me toucher ! », votre blogue offre une lecture passionnante et jubilatoire. Avec ce sentiment d’avancer dans le chemin de l’intelligence de la foi en pénétrant au cœur du texte et en suivant la libre recherche de l’auteur. Une recherche pénétrante justement parce qu’elle libre, affranchie du carcan des interprétations figées et confinées qui ont été dictées par la « ligne du parti », et qui remonte à des sources souvent ignorées par le lecteur, ou inexplorées malgré leur valeur de déchiffrement.

Et une recherche dont le partage, pour mon expérience personnelle, apporte une sensation intérieure de paix et de plénitude qui ressemble à celle ressentie devant un horizon qui soudain se dégage

Au reste la foi est-elle séparable de la quête de l’intelligence de la foi, et cette quête n’est-elle pas un commandement pour qui reçoit la grâce de la foi ? En sachant que l’interrogation de la foi à laquelle nous sommes appelés ne déchiffrera que ce que le projet de la transcendance livre à la connaissance et à la compréhension des créatures humaines à chaque temps de leur histoire, et pour la place que celui qui interroge a vocation à tenir dans ce projet.

Mais peut-être l’accomplissement du dévoilement des fins de la création, et de la raison d’être du parcours de l’alpha à l’oméga, requiert-il d’une façon ou d’une autre, sous une forme ou une autre de corrélation, que ceux qui partagent la foi -  et pourquoi pas également ceux qui se tiennent au dehors d’elle - questionnent à chaque génération la Parole reçue dans un passé millénaire, celle qu’ils n’entendront pas par eux-mêmes, et la signification d’un Livre composite, détourné de transmissions en traductions, pétrifié à force d’interprétations s’assujettissant à la lettre et non à l’esprit et d’édifications de dogmes, et au total non déchiffrable sauf en proportion des lumières dispensées par l’Esprit.

Ce « « Cesse de me toucher ! » m’a depuis longtemps arrêté. Et sans trop imaginer avoir partagé le don de ces lumières, je me risque à livrer le sens que j’y ai trouvé et qui éclaire ma perception de la Résurrection.

« Ne me touche pas car je ne suis pas encore monté vers mon Père » - dans la formulation qui m’a été enseignée [j’ai tôt délaissé le ‘’Ne me retiens pas"]  - se comprend comme une injonction d’un juif à une juive, tous deux dans l’obéissance à la Loi. Injonction que l’on entend dans une intonation affectueuse - le film est muet mais le sous-titrage compte tenu de ce que l’on sait des rapports entre les personnages, impose l’idée de cette tonalité (surexposée au reste par le ‘’Marie’’ prononcé auparavant par Jésus, et par le ‘’Rabbouni’’ de Marie en réponse) - mais qui renvoie à l’interdiction de tout contact physique entre un homme et une femme en état de niddah - i.e. qui ‘’a’’ ses règles [1].

Interdiction qui vaut en dehors des relations du couple et qui fait qu’un homme ne serrera ni ne touchera la main d’une femme (fût-ce pour lui donner les clés de sa voiture) s’il n’a pas la certitude que celle-ci n’est pas dans la période de ses règles.

La notation de cette injonction ne vient-elle pas dans l’évangile de Jean pour signifier que si Jésus ressuscité demeure soumis à la Loi - et à une prescription non pas déterminée à partir d’une représentation d’impureté qui la déprécierait par son ancrage dans l’archaïque des préjugés, mais tenue pour relever de la plus haute spiritualité du judaïsme (ce qui exclut que sa mention dans le récit de la Résurrection soit anecdotique !) -, c’est qu’il est encore un homme au moment de son apparition à Marie de Magdala. Que c’est le Fils de l’Homme qui est vainqueur de la mort, bien distinct du Fils de Dieu qu’il sera pleinement une fois « monté vers (son) Père » et réuni à lui dans l’unicité du divin ?

C’est là moins une interprétation qu’une hypothèse qui est proposée, et non par un spécialiste du judaïsme (je ne suis d’ailleurs pas juif) mais par un historien de formation qui est porté à lire le récit évangélique en le replaçant dans le contexte juif qui est celui de ses personnages.

Didier LEUWEN - 19 05 2015

Publié par "penserlasubversiondans "collection LUMENA".









[1] La durée totale de l’abstention de contacts physiques au sein du couple dictée par l’état de niddah - 7 jours rajoutés à une période de 4/5 jours minimum correspondant à la dernière trace de sang - laisse imaginer qu’en lien avec l’obligation religieuse de procréer, le judaïsme a eu une connaissance précoce de la physiologie de la reproduction humaine, au moins s’agissant de la phase du cycle féminin favorable à la fécondation.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire