OU : LES MIGRANTS ET L’IMAGINAIRE DE LA CONQUETE :
(Une réflexion théologico-politique sur le monde présent à partir du livre biblique de Josué)
Publiée le 15 avril 2024 par ‘’Garrigues et Sentiers’’
… APRES LECTURE DE CET ARTICLE TITRÉ « ON EST CHEZ NOUS »
Le blogue ‘’Garrigues et Sentiers’’ publie une réflexion, oh combien
profonde et éclairante, sur l’une des plus anciennes contaminations auquel est
exposé l’esprit humain et qui agit par réactivations inépuisables, brutales et
presque irrésistibles.
Une réflexion particulièrement salutaire
sur les origines et la nature de ce « On
est chez nous » qui se crie dans « (les)
états de transe qui (…) font oublier la Loi, et commettre les pires horreurs
». Et qu’on n’avait pas entendu crier si fort, en Europe au moins, depuis la
fin de la Seconde guerre mondiale. Une mobilisation de la peur et de la haine
dont l’appel se hurle actuellement en tant de points du monde. Pour que les
abandonnés le soient jusqu’à ce que leur mort s’en suive, et pour que leur sang
soit versé si la faim ou la maladie, le froid ou la noyade, les précipices ou
les bombes ne pourvoient pas assez vite à leur disparition.
De Calais à Jéricho, et de la ville
antique d’Aï à - de nouveau - Calais, se confirme qu’on ne voue à ce genre
d’anathème que par ignorance de l’altérité – l’ignorance la plus crasse qui
éteint, qu’importe le nom donné à la sollicitude pour le prochain, la charité
ou à la fraternité, et qui s’entête par ce qu’elle comporte de volontaire ; et
cet anathème est toujours énoncé par une ‘’tête mal faite’’, le plus souvent au
nom de la vénération fanatique d’un littéralisme religieux, ou sous les formes
appelées à se conjoindre de l’identitarisme, de la xénophobie et du racisme.
‘’Têtes mal faites’’ ? Est-il plus
indulgente imputation s’agissant des politiques qui mettent en avant leur foi
catholique, affirment combattre pour les ‘’valeurs chrétiennes’’, ou appellent
à inscrire nos ‘’racines chrétiennes’’ dans la Constitution d’une république
laïque, tout en ne cessant pas de proposer des lois ou de défendre des
amendements dans le but invariable de rejeter davantage de migrants ?
Que ceux-ci, avec femmes et enfants,
tentent de fuir la famine, le plus profond de la misère, une tyrannie de la
plus terrible cruauté, ou les déchainements d’une guerre qui rend leur pays
invivable. D’autres imputations, incluses la schizophrénie et la mauvaise foi
la plus insigne, viennent plus spontanément à l’esprit lorsque ces politiques
défilent à la ‘’Manif’ pour tous’’, ou s’indignent du déplacement de la statue
d’un saint hors d’une place publique, alors qu’aucun scrupule ne parait
effleurer leur conscience quand leurs lois font se noyer en Méditerranée des
milliers et des milliers de leurs ‘’prochains’’, auxquels s’ajoutent les
victimes de la Manche, plus les centaines d’autres migrants qui trouvent la
mort dans les précipices de nos frontières alpines.
De la Logan qui transporte nos « trois intrigants » à la cachette qui
s’est vue offerte aux espions de Jéricho, une conviction se forme : « les trois acolytes de Calais (…), le sourire
aux lèvres » d’avoir affublé d’un ‘’smiley’’
les roches disposées par des indifférences faites d’une pierre encore plus
dure, et la très lucide et secourable prostituée Rahab ont leur place parmi les
Justes – une place peut-être désignée par le même ‘’ruban rouge’’.
Pour faire prévaloir l’espérance du
Bien, l’inépuisable exégèse de la numérologie du judaïsme ne fige pas à dix le
nombre minimal requis de ces Justes. Et, pour la lointaine descendance de Rahab
qui peint ces ‘’smiley’’, le chiffre
de 3 suffit à valider leur salutaire provocation face au crétinisme qui éructe
le rejet, le mépris et l’exécration – d’autant que pour les chrétiens qu’ils
sont, ce ‘’3’’ s’accorde à des symboliques mêlées qui résonnent en leur cœur.
On ne donne pas une conclusion à une lecture comme celle-ci. Comme on n’en trouve pas à la colère trop vive, ni à la compassion pénétrante. Mais on peut retenir de ce qu’on a lu le renfort d’une ligne de conduite : « … faire apparaître les aveuglements, (…) c’est donn(er) à voir, juste là, sous nos yeux, si ordinaire et si quotidien, le péché du monde ».
Le « On est chez nous », qui récuse l’altérité, montre chaque jour, et à
tous nos alentours, comme il l’a fait si répétitivement au long des Histoires,
qu’il est affiché au centre de ce « péché
du monde ».
> Un article suivant de ‘’Garrigues et Sentiers’’ résume magnifiquement l’inspiration de la ligne de
conduite qu’on a vu ainsi se dessiner. En formulant la raison en laquelle se
reconnait L’Évangile : « le prochain est l’étrange ou l’étranger,
celui qui ne me ressemble pas, qui s’approche de moi et en appelle à ma
responsabilité ».
Didier LEVY – 18 avril 2024
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire