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jeudi 15 février 2018

CONCOURS D’ÉLOQUENCE. LE SUJET CHOISI PAR LA LAURÉATE : LES RÈGLES.


La lauréate de ce concours, désignée dans son établissement scolaire, a donc décidé de prendre ce sujet.

Elle a 13 ans et est en classe de 4ème.

Dans ma descendance, elle m’est particulièrement chère.

Mais je publie ci-dessous le texte intégral de son discours parce que choisir à son âge d’exposer ce qu’on pense ‘’des règles’’ devant le public de ses condisciples – filles et garçons – et de ses ‘’profs’’, démontre une rare volonté d’affirmer ses convictions.

Quand vous aurez lu ce discours, et en ayant bien gardé en tête que cette jeune et belle personne a fêté il y a peu son treizième anniversaire, vous vous direz que cette singulière volonté est secondée par maturité surprenante et par une aptitude aussi rare à défendre ses idées – y compris vous le verrez en interpellant les garçons, « les gars ».  

Sans doute resterez-vous comme moi pantois devant sa détermination à s’attaquer aux tabous, aux préjugés, et aux superstitions en tous genres que les obscurantismes les plus puissants, les archaïsmes les plus malsains et les plus malfaisants, et toutes les arriérations, les plus confinées dans la stupidité (ou carrément perverses) et les plus indurées, dirigent depuis la nuit des temps, et de nos jours, sur le sang menstruel - qui n’a rien, pourtant, que de naturel et banal.

Lisez, et dites-vous bien que le combat mené par notre lauréate sur le thème des menstruations est tout sauf secondaire. Mais qu’il figure au premier rang parmi ceux qui sont à livrer pour la dignité du féminin, pour la dignité et la liberté du corps et du sexe des femmes.     

Le bloguemestre 
Didier LEVY - 15 février 2018


       ‘’ Bonjour à tous, aujourd’hui je vais vous parler d’un sujet considéré comme tabou par la quasi-totalité de la population mondiale, un sujet dont personne ne parle, comme s’il n’existait pas : les menstruations, ou règles. Oui, je suis en train de vous parler de ce sang menstruel qui sort de notre corps une fois tous les mois.

       Et maintenant, vous êtes surement en train de vous demander comment j’ai pu choisir ce sujet, mais la vraie question, celle que je me pose, c’est plutôt : pourquoi vous vous posez cette question ?

Les menstruations sont quelque chose de très naturel, qui arrive à toutes les femmes du monde depuis l’apparition de l’être humain et, est-ce nécessaire de vous rappeler que c’est grâce à ce sang menstruel que vous êtes ici, en train de m’écouter ? Que c’est grâce à ce sang que vous êtes nés ?


       Depuis la nuit des temps, les règles ont été considérées par l’homme, mais aussi par la femme, comme quelque chose de sale, une honte qu’il faudrait cacher, qui dégoute.

Ce sang, et la possibilité de pouvoir saigner tous les mois sans qu’il arrive quelque chose de grave à la femme, ont été observés par l’homme avec peur, et c’est ainsi que sont apparues les premières superstitions sur ce phénomène qui se produisait tous les mois.

Dans la tradition romaine, les menstruations avaient des effets merveilleux et dangereux à la fois, et pouvaient soigner tous types de maladies.

Au Moyen-Age, l’Église catholique disait que les menstruations étaient la punition imposée par Dieu à toutes les femmes en raison du comportement d’Ève.

Et, jusqu’à il n’y a pas très longtemps, les femmes avaient l’interdiction de prendre la mer, de chasser, de voter, de parler en public et d’avoir des responsabilités politiques et religieuses parce qu’il était dit qu’elles étaient instables durant leur période de menstruations.


       Bon, vous pourriez vous dire qu’aujourd’hui les règles ne posent plus aucun problème dans notre société. Mais vous vous trompez.

Encore maintenant, les règles sont classées dans le top 10 des thèmes les plus tabou, car il existe ‘’un certain malaise’’ autour de ce sujet.

De plus, des superstitions sur les menstruations persistent encore dans beaucoup de pays et régions du monde, comme par exemple en Inde où l’on dit aux femmes que leur sang peut contaminer des aliments, ou en Afghanistan, où on leur dit qu’elles deviendront stériles si elles prennent des bains au moment de leurs règles.

En plus d’être un sujet tabou, c’est un sujet autour duquel existent de nombreux problèmes qui n’ont toujours pas été résolus, comme par exemple :
      
- l’accès aux protections hygiéniques : dans le monde, énormément de femmes n’ont pas accès aux protections hygiéniques, surtout dans les pays pauvres, à cause des prix trop élevés. Il faut savoir que durant toute sa vie, une femme dépense 7 000€ dans l’achat de tampons et serviettes hygiéniques.
      
- en plus d’être trop cher, une étude récente démontre que dans chaque tampon il y a plus de trente produits toxiques qui peuvent provoquer des maladies graves.



       Et je ne vous parle pas de la communication avec les hommes. Et quand je dis les hommes, je vous parle de l’autre moitié de l’humanité, ces humains qui ont la chance de ne pas avoir des fortes douleurs de ventre tous les mois.

La plupart ne sait rien, ou presque, sur les règles, et quand on leur en parle ils se moquent, rigolent ou changent de conversation. Mais vous devez savoir, les gars, que les règles vous concernent aussi, car vos mères, sœurs, amies, tantes, cousines, et toutes les femmes de votre intimité ont leurs règles.

De plus, il faut savoir que sur terre, un Homme sur deux a ses règles, car un Homme sur deux est une femme.


       Bon, malgré tout ça, il faut reconnaître que nous, les adolescentes, sommes assez contentes quand nous avons ‘’nos’’ règles pour la première fois, car cela signifie que nous ne sommes plus des enfants, ni des jeunes filles, mais des femmes ‘’.


INÈS – janvier 2018


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