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lundi 1 août 2016

ENCORE ET TOUJOURS LES SIGNES RELIGIEUX DANS L’ESPACE PUBLIC ? UN SUJET POURTANT OÙ LA PAROLE EST D'OR ET LE SILENCE DE PLOMB.

  
Un commentaire sur une salutaire prise de position
de Tahar BEN JELLOUN

«  Nous devons renoncer à tous les signes provocants d’appartenance à la religion de Mahomet. Nous n’avons pas besoin de couvrir nos femmes comme des fantômes noirs qui font peur aux enfants dans la rue. Nous n’avons pas le droit d’empêcher un médecin homme d’ausculter une musulmane. Nous n’avons pas le droit de réclamer des piscines rien que pour des femmes. Nous n’avons pas le droit de laisser faire des criminels qui ont décidé que leur vie n’a plus d’importance et qu’ils l’offrent à Daech ».
Tahar Ben Jelloun

Tahar Ben Jelloun prouve qu'en la matière, dans le temps où nous sommes, la parole est d'or et le silence de plomb.

UNE REMARQUE COMPLÉMENTAIRE VIENT A L'ESPRIT …

‘’… Renoncer à tous les signes provocants d’appartenance à la religion" : ceci ne vaut-il pas pour toutes les confessions ?

Si l'on remplace "provocants" par "ostentatoires", qui est en l'espèce synonyme, on est renvoyé à une règle de vie sociale. Une règle qui, contrairement à ce que l'on imagine sans doute d'abord, ne concerne pas la laïcité (hors l'espace scolaire, et hormis la situation spécifique des agents de l'Etat républicain et ceux qui occasionnellement - les membres d'un bureau de vote notamment - partagent ce statut).

Le libre exercice des cultes, que garantit précisément la laïcité et qu'elle concilie, comme elle le fait de la liberté de conscience, avec la paix civile, peut en effet à bon droit être invoqué à l'appui du port dans l'espace public de signes religieux ostensibles.

"Ostensible", "ostentatoire" : la nuance tient, comme on dit, dans l'épaisseur d'un papier de cigarette. Son appréciation varie de surcroît selon les lieux et les moments (jours ordinaires et jours de célébrations cultuelles par exemple), et en fonction des circonstances - apaisées ou conflictuelles.

ET SE FIXE SUR L’IMPÉRATIF DE SE METTRE EN CONFORMITÉ
     AVEC LE ‘’VIVRE ENSEMBLE’’ RÉPUBLICAIN.

L'abstention de l’exposition publique de son appartenance religieuse constitue pour chacun une règle qu'il se fixe à lui-même sur une considération de tact, de mesure et de respect pour les sentiments et la sensibilité particulière de ses concitoyens.

Autrement dit, elle relève d'un comportement civique - volontaire et raisonné - qui se fonde sur un principe de civilité : ne pas projeter dans le regard d'autrui, qui ne l'attend pas, la visibilité d'une croyance personnelle. Croyance qui appartient au domaine de l'intime et qui se "gère" et se ménage comme telle.

La projection d’une appartenance cultuelle est au surplus susceptible d'être interprétée comme signifiant (on grossit ici délibérément le trait pour être plus clairement compris) : "je crois en le seul vrai Dieu, et tu n'es qu'un mécréant". Ou comme voulant signifier de la part de son auteur qu'il / qu'elle n’appartient à la communauté nationale que secondairement, voire très secondairement, par rapport à son adhésion confessionnelle et au référentiel culturel que cette adhésion comporte à ses yeux.

Il est clair que les tensions présentes ajoutent une précaution de prudence - sans doute faut-il préférer le terme de sagesse - aux raisons de pratiquer cette abstention citoyenne et civile.

Didier LEVY - 1er août 2016
"D'HUMEUR ET DE RAISON'’
Publié sur Facebook le 31 07 2016

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