Ou de la puissance
symbolique du sabbat.
"penserlasubversion" aborde une thématique qui ne lui est par habituelle. Notre blogue publie l'article qui suit en ce qu'il est l'illustration de ce qui distingue religion et spiritualité, de ce qui différencie l'obéissance à un dogme du libre parcours de l'intelligence de toute foi. Parce qu'il expose cette séparation et cette opposition qui forment plus que jamais le rempart protecteur de la liberté de penser et de la tolérance.
L’article qui suit a été publié le4 avril 2015 en « COMMENTAIRES » d’un texte édité
sur le blogue ‘’GARRIGUES ET SENTIERS’’ ;
il propose une réponse à l’interrogation posée par ce texte qui est citée en tête
de ce commentaire.
L’article qui suit a été publié le
"Mais pour passer du vendredi au dimanche,
il y a le samedi. Pourquoi donc Jésus n’est-il pas ressuscité dès son passage
par la mort ? (...), le sabbat commence, il aurait dû alors se lever !
".
J'ai également
tardé à prendre conscience de cette énigme. La réponse me semble être - elle se
profile dans ce "le sabbat commence" - que la transcendance dans l'événement inouï par lequel
elle acte le salut de l'humanité dans l'achèvement sur la Croix du parcours
messianique, fait sienne l'observance du sabbat : le Christ meure avant que le
sabbat ne commence, "à la sixième heure", et l'obscurcissement du ciel dure jusqu'à la neuvième, et
ceux qui l'ont fait condamner s'inquiètent auprès de Pilate que son corps puisse
risquer de rester attaché à la croix le jour du sabbat ; cette sorte de gestion
du temps qui positionne la crucifixion en regard du repos sabbatique a pour
parallèle la symbolique de la Résurrection qui renvoie le constat et la
proclamation de celle-ci au dimanche, c'est à dire à la fois au matin de Pâques
et au jour suivant le sabbat.
Le dessein de Dieu dans l'exposition de la
victoire sur la mort épouse le parcours temporel de la prescription du repos du
7 ème jour, insère cette suspension du temps destiné aux choses courantes,
banales et nécessaires - la quête des ressources matérielles -, et ménage le
temps de respiration accordé à l'Esprit et à ses œuvres : c’est dans ce
temps-là que le monde en quelque sorte s’arrête pour laisser s’accomplir la
Résurrection. C'est aussi, et suivant la logique interne de la Bible hébraïque
un exemplaire éclairage porté rétroactivement sur la nature et la dimension
spirituelle de ce sabbat qui "a été donné aux hommes".
Quant à la
descente aux enfers, elle m'a toujours paru être une formulation, ou une
traduction, malheureuse par sa connotation hellénisante : elle renvoie
l'imagination à la représentation des enfers propre à la mythologie grecque,
aux héros fabuleux qui l'habitent ou à la nacelle de Charon ; "séjour des morts s'accorde
en revanche avec l'eschatologie chrétienne - sans lever en rien le mystère de
la configuration de ce lieu sensé être celui de l'attente. Pour ma part, je me
le représente comme une figure proposée à notre intelligence de la foi pour
imager le temps, fût-il celui de l'instantanéité, du passage de l'univers de la
Création visible à l'Univers où la fin des temps est accomplie, de l'Univers
dominé par la mort à l'Univers de la vie éternelle où le projet de la
transcendance est pleinement réalisé.
Un séjour des
morts qui ne se comprend pas dans une chronologie, car la temporalité et les
autres mesures qui bornent et délimitent notre monde sont en tout étrangères,
nulles et non avenues, pour la transcendance, mais dans l'unité qui en tout
chose est l'attribut de l'Etre. Le
passage du Christ par le séjour des morts n'est alors qu'une métaphore du
passage entre les parallèles de la mort et de la vie, les parallèles de deux
univers. Une métaphore qui vient s'accorder à la mise en lumière de la
puissance symbolique du sabbat que la transcription évangélique de l'histoire
de la Révélation devait comporter et transmettre.
Denis KAPLAN - 4 avril 2015
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