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lundi 15 juin 2015

Importance : Haute !


Réfugiés : la situation  à la frontière franco-italienne (lundi 15 juin 2015)

...commentaire sur le témoignage d'une chrétienne engagée.


Je fais suivre à famille et amis ce témoignage très fort et très pénétrant.

En prenant connaissance, ou ayant (hélas) confirmation des faits qu'il rapporte, je pense qu'on est au delà du chagrin et de la pitié - si bien sûr on les ressent l'un et l'autre pour les cibles de cette chasse à l'humain.

Vis à vis de ceux qui l'ordonnent ou l'exécutent, ce qui étreint, c'est la colère et la honte.

Je m'interdis en général tout rapprochement avec le temps de l'Occupation, parce que l'horreur de ce temps-là est unique et indépassable ; par respect pour les victimes..

Cette fois, l'indignité est telle que je passe outre à ce scrupule : confronté à ce témoignage, comment empêcher que viennent à l’esprit les images de la rafle du Vel' d'Hiv' - non pour comparer des faits incomparables, mais pour le dégoût qui monte aux lèvres en prenant la mesure de la persécution infligée au nom d'un ordre qui n'est que violence ciblée sur des innocents - une violence absurde et aveugle, commise pour aller dans le sens de la xénophobie qui nous submerge.

Des innocents qui subissent un surcroît de persécution, non cette fois de la part d'un état fascisant mais de celle d'une république dont ils croyaient qu'elle pouvait incarner la liberté, eux qui ont fui pour la trouver.

Ce témoignage comporte quand même un élément de réconfort, inappréciable dans le moment où nous sommes : il émane d'une chrétienne engagée qui paraphrase l'évangile (par une sorte de " j'étais persécuté et tu ne m'as pas secouru ") en confrontant  l’allant et la ferveur - mal placés - des manifestants "pour tous" au silence des mêmes quand il s'agit d'être solidaires, à Menton ou ailleurs, de qui réclame le plus élémentaire : du pain et de la liberté pour tous.

Une chrétienne qui poursuit simplement ce qu'ont entrepris entre 1940 et 1944 toutes celles et tous ceux qui parmi les croyants, ont caché, protégé, sauvé des juifs, ou qui ont pris la parole pour dire qu'un juif est un homme, qu'une juive est une femme. Des Saliège et des Théas à leurs frères protestants du collège et du village du Chambon-sur-Lignon, et aux oubliés qui pour avoir accompli un devoir de conscience et d'humanité, ont dû un jour partir entre des policiers allemands en disant "Au revoir les enfants".

Et une chrétienne dont la prise de position, solidaire et lumineuse, fait revenir dans les mémoires et dans les âmes, ces quelques mots de l’un des plus beaux poèmes d'Aragon qui élèvent au-dessus de toutes les atteintes à l'humain, ce qui est à la fois un hommage et une espérance : la communauté d'engagement de celui qui croit au ciel et de celui qui n'y croit pas dès lors qu'il s'agit de l'essentiel - la justice, la solidarité et la liberté.

Je tenais à vous faire partager ce commentaire, rédigé juste au terme d'une lecture qui avait de quoi me réconcilier avec bien des choses que ce qui nous entoure présentement à tout pour rendre incertaines.

Salut général de tout cœur.

Didier LEWEN

  • témoignage de Michelle Colmard Drouault  

( ...) je voudrais vous adresser à tous, que j'apprécie, un message sur la situation dont nous sommes les témoins impuissants à la frontière franco-italienne:

Ils sont une petite centaine d'hommes, quelques femmes et enfants, massés juste derrière la pancarte "France", territoire farouchement gardé par un cordon de CRS….. Nous les avons vu de prés, ils sont maigres, déterminés et désespérés. Ils ont des banderoles faites sur de vieux tissus avec des feutres, qui clament "URGENCE, AU SECOURS". Ils vivent et dorment dehors, depuis des jours.

La  seule réponse qui a été faite à cet appel à l'aide, pour qu'on les laisse pénétrer en France, soit pour la traverser, soit pour y demander l'asile, a été la répression! Depuis 3 jours , nous entendons sans cesse des sirènes de police, car on traque partout, à la sortie des deux gares de Menton, dans la rue, ceux ou celles qui parviennent à traverser, et on les ramène en Italie! La Croix Rouge italienne est là, et hier,  il y avait quand même auprès d'eux la Croix Rouge française.

Avant hier, la police municipale empêchait les voitures de passer sur l'accès du pont St Luc vers l'Italie, et on ne pouvait même pas se garer à proximité. la volonté d'empêcher la population de les approcher et leur porter secours était claire, car la veille , plusieurs mentonnais  étaient allés porter eau et nourriture.

Cette situation est scandaleuse, et elle nous interpelle, nous croyants de toutes confessions: que faisons nous quand nos frères humains appellent "Au secours" ??

Les Italiens sont très critiques de la rigidité française; une radio italienne rappelait ce matin que la Lybie ([LIRE :] le Liban) et la Syrie, dont sont originaires certains de ces réfugiés, étaient voici quelques 70 ans, encore sous  mandat français….

Je suis douloureusement surprise du manque de visibilité des chrétiens en tant que groupe: la plus part des initiatives sont individuelles. Il semble que sur Paris, à La Chapelle, les associations soient beaucoup plus pugnaces.

Et si nous chrétiens restons sourds à nos frères qui appellent au secours, le témoignage que nous donnons est qu'il y a plus de monde aux "manifs pour tous" pour empêcher les autres de vivre comme ils le souhaitent, qu'il y a de partisans chrétiens du "pain et liberté pour Tous!" Car ces hommes le disent, avec beaucoup de dignité, ce qu'ils veulent, c'est la liberté, qu'ils ne trouvent pas dans leur pays, où ils risquent la prison ou la mort.

Merci , Danielle, de relayer ce message; car si je suis à présent trop vieille et fragile pour aller camper avec eux, je peux au moins essayer de faire entendre leur voix partout où c'est possible.

Cette situation est -scandaleuse. Elle est indigne d'une démocratie. Que ceux et celles qui sont proches de partis politiques le redisent.

Merci encore, et bonne matinée de samedi à tous!

Michelle Colmard Drouault

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