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lundi 26 mai 2014

EUROPÉENNES 2014 : observation sur un désastre qui était annoncé


Observation institutionnelle et démocratique sur un désastre qui était annoncé

En régime parlementaire - i.e. dans une démocratie majeure conforme aux standards européens - le chef de l'exécutif - i.e. le premier ministre - se serait démis de ses fonctions à l'annonce des résultats d'hier soir du PS aux élections européennes versus la nouvelle poussée du FN.

Sans attendre d'être démis par son groupe parlementaire ou par les instances dirigeantes de son parti. Ou de voir sa majorité à l'Assemblée nationale exiger son remplacement sous peine de se disloquer.

On aurait donc, dès cette semaine, un vote pour la désignation du nouveau leader du parti, qui deviendrait automatiquement le nouveau premier ministre.

On peut imaginer que le choix opposerait les candidatures de Manuel Valls et de Martine Aubry. Le premier ayant probablement de bonnes chances de l'emporter si la désignation appartenait au groupe parlementaire PS, la seconde si cette désignation revenait aux adhérents du parti.

Et dans cette élection interne, chacun des candidats défendrait sa ligne politique et les alliances sur lesquelles celle-ci reposerait.

Pour pousser un peu plus loin ce scénario de politique-fiction, il est imaginable, les ego politiques étant ce qu'ils sont, qu'Arnaud Montebourg se proposerait de tenir la place d'outsider ...

Au lieu de ce schéma démocratique, notre monarchie constitutionnelle élective garantit l'irresponsabilité politique du chef de l'exécutif. Un privilège qui a progressivement disparu dans tous les états européens entre le XIX et le XX ème siècle, au fur et à mesure que la démocratie s'y affermissait et s'y établissait.

La France, sous les institutions de 1958 (non pour leurs dispositions inscrites dans le texte approuvé par référendum, mais pour la pratique qui en a été faite via la confiscation de la fonction exécutive par le Président de la République au détriment du Premier ministre - confiscation fondatrice du "coup d'Etat permanent"), en est restée à la conception orléaniste qui avait prévalu en 1873 avec le vote de la loi sur le Septennat qui, dans l'attente de la Restauration programmée, assurait au maréchal de Mac Mahon que sa responsabilité ne pourrait pas être engagée devant l'Assemblée (laquelle venait d'user de ce droit pour contraindre Adolphe Thiers, jugé trop républicain, à se démettre).

Anachronisme et arriération de notre système politique ...

Le drame tient à ce qu'il n'est pas seulement régressif mais qu'il fait obstacle, jusqu'au terme du mandat présidentiel en cours, à tout changement de politique à même de répondre aux immenses défis démocratiques, sociétaux, économiques et de protection sociale que les résultats du scrutin européen ont sur-surlignés.

Et à ce que, sauf convulsion politique majeure, le mandat à durée déterminée qui protège le chef de l'exécutif  diffère le moment d''engager le choix radical de nouveau modèle économique, social, énergétique et environnemental que la gauche, dans toutes ses composantes, a vocation de porter.

Etant malheureusement entendu qu'au terme constitutionnel du mandat de François Hollande, que l'échéance soit celle de l'élection présidentielle de 2017 ou, auparavant, la convulsion politique sus considérée, l'échec du PS et de son candidat de 2012 auront pour effet que les changements et les réformes qui seront alors mis en oeuvre porteront la marque de la droite - et de la droite la plus libérale, la plus doctrinaire et la plus résolument déterminée à préserver et à accroître les inégalités et les privilèges.

Ultime remarque.

L'état actuel des choses apporte au moins une certitude : celle que le système des "primaires" pour la désignation du candidat à l'élection présidentielle est non seulement mal venu, de par son caractère éminemment plébiscitaire, de la part d'un parti de gauche (donc par principe républicain ...), mais également dénué de pertinence au vu de son résultat.

Salut et fraternité.

Martin AVAUGOUR
26 mai 2014      


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